« Race » : un mot de trop ?
Science, politique et morale
Est-il justifié de proscrire le mot « race » de la Constitution ? Comment penser qu'en supprimant le terme des textes législatifs, on contribue efficacement à la lutte contre le racisme ? Les préjugés et les comportements racistes sont-ils nécessairement liés à l'emploi du mot « race » ? La délégitimation scientifique du concept de race depuis les années 1970 a-t-elle fait reculer le racisme comme ensemble d'attitudes, de pratiques et de croyances idéologiques ? La lutte antiraciste peut-elle se contenter de modeler son discours sur les derniers résultats de la recherche en génétique, alors qu'il semble exister des « racismes sans race » ?
La salutaire mise au point de Pierre-André Taguieff explore ces questions polémiques sur la base d'une information exceptionnelle et réellement transdisciplinaire. Elle se distingue par sa rigueur conceptuelle et la clarté de son argumentation là où, trop souvent, règnent la confusion, l'angélisme et la pensée-slogan. L'auteur montre que, depuis les commencements de l'époque moderne, un spectre hante l'imaginaire occidental, tiraillé entre l'idée de l'unité du genre humain et le constat de la diversité des humains.
Les débats philosophiques et scientifiques sont ici convoqués pour appréhender l'évolution de la pensée occidentale autour de cette notion problématique de « race » et nourrir nos interrogations de citoyens sur les rapports entre le savoir scientifique, la politique et la morale.