Depuis le début de l'année 2011, le monde entier assiste, révolté,
impuissant, voire indifférent, à l'un des conflits les plus barbares
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avec 250 000 morts,
des centaines de milliers de blessés, des millions de réfugiés et
d'innombrables villes et villages en ruine, la Syrie vit un véritable
cauchemar.
Incapables de ramener à la raison un dictateur prêt à tout pour
se maintenir au pouvoir, réticents à fournir à l'opposition modérée
l'assistance militaire qu'elle réclamait, les pays occidentaux et
d'autres acteurs régionaux se montrent de plus en plus réceptifs
aux sirènes de Moscou sans qui le régime de Bachar al-Assad aurait
sombré depuis longtemps. Aujourd'hui, l'attention du monde
entier se détourne de la barbarie du clan Assad pour se focaliser
sur celle des djihadistes de l'État islamique. Des voix s'élèvent
même pour estimer que ce pouvoir à bout de souffle «pourrait
être utile» dans la guerre contre Daech.
Ce livre se propose d'expliquer comment le régime de Bachar
al-Assad est parvenu à se maintenir au pouvoir grâce au soutien
indéfectible des Iraniens et des Russes. Indifférents aux drames
de 20 millions de Syriens, Moscou et Téhéran défendent leurs intérêts
dans la région et ont beau jeu de rappeler les fautes multiples
commises dans le passé par Washington et certains pays du Golfe
largement responsables de l'essor du djihadisme.