C'est à un voyage à travers l'industrie naissante du bâtiment et l'architecture
qui en résulte qu'est convié le lecteur. Il se voit proposer un inventaire
raisonné d'une multitude d'inventions, mûries de chantier en chantier,
concourant à la modernisation à marche forcée d'un secteur jugé arriéré
à l'heure de réparer les dégâts de la guerre. L'urgence comme le défi que
représente le relèvement du pays imposent la mise en oeuvre de procédés
opérationnels inédits, le tout sous la férule de l'État. Dans ce contexte,
l'essor fulgurant de la préfabrication ouvre la voie à des performances
techniques et à des réalisations formelles inédites autour d'un matériau
roi, le béton.
Même si elle ne résume pas à elle seule la politique d'industrialisation
du bâtiment, la préfabrication est le fruit d'une aventure technique sans
précédent. Aventure marquée par une profusion de procédés nouveaux et
par une ingéniosité étonnante de conception, qui témoigne de la richesse
et de la vitalité de la culture constructive française d'alors.
Dans cette effervescence où l'immense majorité des acteurs pensent
procédés, fabrication et chantier, l'architecte, qui voit son rôle redéfini,
l'ingénieur, l'entrepreneur, le technicien et l'ouvrier éprouvent une fascination
sans bornes devant les processus de fabrication et de montage, le
mouvement des grues, le va-et-vient des camions, le démontage et remontage
des coffrages, le rythme des coulées. Cependant, au-delà de la griserie
que suscite ce «ballet mécanique», une partie des architectes s'inquiète
des excès possibles d'une rationalisation trop absolue.