Fin juin 1941. Iasi, alors troisième ville de Roumanie, devient
le lieu d'un carnage auquel collaborent, aux côtés des troupes
roumaines et allemandes, toutes les classes de la population.
Quelque treize mille Juifs y trouvent la mort. Aboutissement d'une
séculaire tradition antisémite ? Éclipse de la raison ? Phase finale d'un
plan élaboré au plus haut niveau ?
Petit-fils d'un natif des lieux, présent à la commémoration des soixante-dix
ans du massacre, Jil Silberstein décide de se reporter aux origines
de l'ancienne capitale de la principauté moldave et de retracer pas à
pas l'aventure de la communauté juive. Mêlant quête personnelle et
panorama historique, l'auteur s'appuie sur de nombreuses archives,
tout comme sur la parole des derniers témoins.
Au gré des bons et mauvais traitements infligés par les souverains
locaux, au fil d'une histoire riche en luttes d'influence opposant Sublime
Porte, Russie et Autriche-Hongrie, la communauté d'origine se verra
peu à peu rejointe par un flot grossissant de coreligionnaires étrangers
fuyant les pogromes. Dès les années 1830, elle subira l'instauration de
premières lois discriminatoires imposées par les Russes. La situation
s'aggravera au fil des décennies, jusqu'au déchaînement de l'horreur
antisémite en 1941. Il y avait à lasi quarante mille Juifs dans les années
1930. Il n'en reste plus aujourd'hui que trois cents.
Célébration d'un monde qui disparaît, Les Voix de lasi ressuscite dans
son sillage une vaste et fascinante fresque : celle d'une Europe orientale
en perpétuelles convulsions.