Dans le contexte politique européen actuel, traversé par ce que d'aucuns
identifient comme une résurgence générale du nationalisme, voire du
populisme et de la xénophobie, une question se pose : comment le discours
sur la nation permet-il à des acteurs donnés de légitimer leur pouvoir ?
Cet ouvrage s'efforce d'y répondre en analysant le cas de la République de
Moldavie. Petit pays situé à la lisière de l'Europe, qui acquiert son
indépendance en 1991 suite à l'implosion de l'URSS, la Moldavie est déchirée
par une crise identitaire aux racines profondes.
L'ouvrage privilégie une approche «discurso-historique» qui situe les
discours des acteurs dans leur contexte historique, politique, social et
économique et mobilise un corpus original de sources primaires recueillies
sur le terrain : entretiens semi-directifs, discours politiques et articles de
presse.
L'analyse de ce matériel empirique montre que, pour légitimer leur pouvoir,
les acteurs politiques, qu'ils soient «moldovénistes» ou «roumanistes»,
utilisent la nation comme une valeur refuge. Dans leurs discours, ils forgent
de toutes pièces une nation ad hoc, c'est-à-dire une nation à géométrie
variable qui s'adapte aux circonstances et répond à un objectif purement
«politique» : arriver au pouvoir ou y rester.