<<"Quand l'es née dans la dèche, y'a des trucs que t'es obligée de faire pour survivre. Je ne vais pas te mettre sur le trottoir du Pont Démosthène, t'es trop mignonne et puis t'es vierge aussi. Les gros bourgeois, ils recherchent ça énormément, des petites jeunesses de la campagne qui ont gardé leur bymen. Tu ne sais pas encore à quel point les mulâtres d'En-Ville sont vicieux, bon !"
Philomène para mes lèvres avec du fard, me peignit les cheveux à l'aide d'buile de palma-christi, me prêta ses souliers à talons bauts rouges et nous nous mîmes à arpenter le boulevard de La Levée. Je n'étais pas très habituée à me promener à travers les rues de Fort-de-France, si bien que j'avais l'air d'une vraie descendue.>>
Ce roman, le dernier écrit et publié en créole par l'auteur, un an avant Le Nègre et l'Amiral, annonce par ses thèmes et sa verve les textes qui ont fait la célébrité de Raphaël Confiant. On y suit, cependant que les émeutes de 1959 embrasent Fort-de-France, les heurs et malheurs d'Adelise, fragile libellule des campagnes martiniquaises venue se briser les ailes sur les trottoirs de la ville. Un récit mené tambour battant par l'un des grands noms de la créolité.
Traduit du créole par l'auteur