La question de la religion - de son essence, de sa fonction, de son
origine - a été centrale dans la sociologie et l'anthropologie classiques.
Pour la tirer des impasses et de la stagnation où elle est reléguée de nos
jours, Camille Tarot propose ici un bilan critique des oeuvres des meilleurs
comparatistes, à travers leurs théories si contradictoires de la religion.
Huit auteurs principaux sont soumis à examen : Émile Durkheim, Marcel
Mauss, Mircea Eliade, Georges Dumézil, Claude Lévi-Strauss, René Girard,
Pierre Bourdieu et Marcel Gauchet. L'important en la matière est d'abord
d'esquiver les faux irénismes comme les querelles stériles ou haineuses, pour
confronter les doctrines en profondeur et systématiquement. Ensuite, de
déceler l'impensé et les refoulements que produit chaque cadre théorique,
pour proposer le modèle ou l'idéal-type de la religion qui paraît le mieux
fondé.
Au fil de cet examen, il apparaît que l'essence du fait religieux est à
rechercher à l'intersection du symbolique et du sacré, à comprendre à
partir des fondations d'Émile Durkheim et de Marcel Mauss, complétées
par les apports de René Girard. La possible fécondité du modèle qui se
dégage ainsi s'atteste par sa capacité à relire les sources et à renouveler en
profondeur les vieux problèmes des fonctions de la religion, qui n'avaient
guère avancé depuis Émile Durkheim.