«Je ne crois pas (contrairement à vous) qu'il y ait rien de bon
avec le caractère de l'artiste idéal. Ce serait un monstre. L'art
n'est pas fait pour peindre les exceptions. Et puis j'éprouve une
répulsion invincible à mettre sur le papier quelque chose de mon
coeur. Je trouve même qu'un romancier n'a pas le droit d'exprimer
son opinion sur quoique que ce soit.»
G.F.
«Ne rien mettre de son coeur dans ce qu'on écrit ? Je ne comprends
pas du tout, oh mais pas du tout. Moi il me semble qu'on
ne peut pas y mettre autre chose. Est-ce qu'on peut séparer son
esprit de son coeur, est-ce que c'est quelque chose de différent ? Est-ce
que la sensation même peut se limiter, est-ce que l'être peut se
scinder ?»
G.S.
«Chère Maître», c'est en ces termes que Custave Flaubert
s'adresse à George Sand. Au fil de la correspondance qu'ils
échangèrent de 1866 à 1876, se révèlent deux conceptions du
monde, deux esthétiques, deux tempéraments. La générosité
et l'attention aux autres de George Sand et l'esprit torturé et
solitaire de Flaubert. L'amitié forte et durable qui les unira ne
sera interrompue que par la mort de George Sand.
Cette correspondance belle d'intelligence, pose sur la société
du XIXe siècle, un regard d'une grande pertinence.