Aubervilliers, petite villa début de siècle, glycine,
jasmin, rosiers dans le jardin, et de l'autre côté du
muret une seconde maison, celle de Maurice, vieillard
bienveillant, témoin et ami de toute une vie.
Marianne, la narratrice de ce livre, a cinquante ans,
elle vit seule depuis longtemps dans la demeure fleurie,
ses enfants sont adultes et Simon, le plus jeune,
se marie aujourd'hui.
Nous sommes en juillet, un samedi de finale du
Mondial de football, l'été s'est installé sur Paris. Ce
soir, les rues seront désertes, la ville encore plus belle,
mais, pour l'instant, il n'est que huit heures du matin,
Marianne ouvre les yeux sur cette redoutable cérémonie,
ce cap étrange pour une mère, cette écrasante
symbolique familiale et temporelle.
Pour la première fois depuis vingt ans, Marianne
a peur de croiser le père de ses enfants, de se trouver
confrontée à une image d'elle-même qui l'a toujours
sidérée, peur d'être reléguée dans une histoire
qui n'a jamais été la sienne.
En suivant le cheminement de Marianne au cours
de cette journée si tumultueuse, Brigitte Smadja explore
avec une extrême sensibilité les chemins du lien
affectif, puis les révèle comme on le fait des images
dans le secret d'une chambre noire.
Mais l'histoire de Marianne a lieu en plein soleil
et il s'agit pour l'écrivain, bien loin de la chambre obscure,
d'effacer enfin le cadre du lien pour libérer
l'image.