Ce matin Marthe ne va pas travailler. Elle vient
d'aborder sa toute nouvelle existence : elle ne fera
désormais que ce qui lui plaît. Une exigence absolue
pour un mode de vie absolument choisi.
Fière d'avoir trouvé le courage de concevoir
son destin d'une tout autre manière, Marthe décide
de prendre le train pour son village natal, d'y
rejoindre son père et de partager avec lui la
douce euphorie de cette singulière audace comportementale.
Mais quand soudain le TGV s'arrête, quand
dans une brume insondable au milieu de nulle part
et sans la moindre information les voyageurs perdent
leur sang-froid, la petite Marthe s'enchante
et trouve là l'occasion d'appréhender le genre
humain comme jamais. Un contrôleur dépassé,
deux bavardes effarouchées, un vieillard rêveur
promenant une cage à oiseaux, un navigateur sans
bateau : le monde de Marthe est en marche et, dans
le chatoiement de ses vêtements, le bruissement
de ses imaginaires ; la jeune femme s'avance enfin
sous la lumière de sa nouvelle indépendance.
Dans un territoire très singulier tout en nuances
colorées, bigarrées de tendresse et de violences
immenses ou minuscules, Cécile Reyboz compose
avec poésie le portrait d'une créature hors du commun,
une jeune femme habitée par le rêve, délicieusement
tourmentée par les froissements de
son être et qui progresse, tel un papillon, au-devant
de sa propre vision du bonheur.