Saqqara, où s'élève la pyramide de Djéser (vers 2700-2670 av. J.-C.), fut l'un des plus importants centres politiques, économiques et religieux de l'Égypte jusqu'à la conquête arabe. C'est aussi l'un des sites égyptiens les plus anciennement fouillés. Le Louvre conserve plusieurs milliers d'oeuvres qui en proviennent. Cependant de nombreux secteurs rapidement explorés dans le passé ont sombré dans l'oubli, démantelés par des fouilles incontrôlées ou enfouis sous les déblais. Les campagnes menées par la mission archéologique du Louvre ont révélé tout un pan de l'histoire du site. Ces travaux s'inscrivent dans la tradition du musée qui a toujours eu à coeur d'associer l'archéologie vivante à l'étude de ses collections.
Saqqara abrite des tombeaux très anciens, aussi bien royaux que privés : le mastaba d'Akhethetep (vers 2453-2420 av. J.-C.) conservé au Louvre en est un exemple éclatant. C'est en 1903 que le service des Antiquités de l'Égypte vendit à la France le tombeau (en arabe mastaba) d'Akhethetep. Seule la chapelle décorée fut démontée et transportée à Paris. Aucun document d'archives ne décrivait le monument. Son emplacement ne figurait sur aucune carte. À peine savait-on qu'il avait été extrait d'une zone située à quelques centaines de mètres de l'angle sud-est de l'enceinte de Djéser.
L'étude du mastaba du Louvre a commencé en 1991 sous la direction de Christiane Ziegler. Lorsque les archéologues arrivèrent sur le site, ils commencèrent à dégager un vaste secteur bouleversé par des fouilles antérieures. Une épaisse couche de sable, charriée par le vent du désert, avait recouvert tout ce qui était demeuré en place. D'année en année, différents niveaux d'occupation humaine ont été dégagés et étudiés, révélant, sur une hauteur de près de 10 mètres, l'histoire de ce secteur durant 3000 ans.
Cet ouvrage est le premier d'une série qui sera entièrement consacrée aux fouilles de Saqqara.