Lorsque à Grenoble, vers dix ans, ma petite copine me
dit : «Je te montre mes seins si tu m'avoues que tu es juif»,
le ciel me tombe sur la tête.
Comment pouvait-elle savoir une chose pareille alors que
je l'ignorais moi-même ? Ça voulait dire que tout le quartier
était au courant.
Sauf moi.
Juif, je savais ce que ça voulait dire par mon copain de
lycée, Gégé, grand spécialiste de la question, puisque fils
de garagiste : des gens bizarres, qui parlaient entre eux
une langue incompréhensible, avaient des noms imprononçables
pour des langues grenobloises. Et surtout obsédés
par l'argent. Des gens pas très fréquentables, donc.
Et ces gens, qui venaient d'on ne sait où, j'en étais !
Il fallait donc renouer les fils, savoir d'où l'on vient.
Alliant drôlerie et gravité, Le jour où j'ai appris que j'étais
juif est un récit alerte et inattendu sur la découverte
tardive des origines.