Un tombeau de papier pour l'auteur d'une
cathédrale de papier ?
Honoré de Balzac n'a besoin d'aucune stèle
funéraire. Or la réunion et l'étude des articles
parus dans la presse parisienne lors de sa mort
survenue le 18 août 1850 montrent que celle-ci
fut, pour la littérature, une date et un événement.
Une révolution littéraire doublée d'une polémique
politique s'est opérée sur la tombe de Balzac, qui
affecte les appropriations successives de son
oeuvre autant que le discours global sur le genre
romanesque et sur son ennoblissement, sur le rang
qu'il prend dans l'espace symbolique des usages
et des valeurs, au coeur de la littérature et au sein
de la société. L'année 1850 est une date littéraire.
Ce monument ambigu que le lecteur peut lire ou feuilleter, qu'il peut tenir
entre ses mains ou mettre sous son bras, lui permet de suivre au quotidien
et de saisir sous la forme d'un récit
les traces encore accessibles en notre
début de troisième millénaire d'un
passé qui fut un présent comme le
nôtre. La lecture des articles parus sur
Honoré de Balzac dans les quotidiens
et les revues au cours des derniers
mois de l'année 1850 propose donc
une expérience singulière fondée sur
le dialogue entre le présent de ce passé
et notre propre présent qui contient la
présence de ce passé.