Au mythe de la «Renaissance» et aux débats qui s'y attachent,
à la figuration célébrée d'un présent fécondé par une restitution
des sagesses de l'Antiquité, à l'imaginaire humaniste d'un
recommencement, Élisabeth Crouzet-Pavan préfère substituer
l'horizon des Renaissances italiennes. Le pluriel s'impose à ses yeux,
parce qu'il existe une autre Renaissance, moins démonstrative que celle
des savants et des artistes, mais tout aussi vivante, par laquelle
continuent à vivre et à revivre des passés plus ou moins proches. Les
représentations, les mémoires et les actions s'enchâssent et jouent alors
les unes avec les autres parce que les temps communiquent sans cesse.
C'est un âge du paradoxe qui surgit sous nos yeux : de grandes
espérances coexistent avec l'appréhension de l'imminence du Jugement
dernier, des rêves enthousiastes d'harmonie voisinent avec l'angoisse du
péché, la quête de la beauté est confrontée à la conscience du mal...
Renaissances italiennes, de Milan à Naples, de Florence à Venise,
de Rome à Ferrare, invite ainsi le lecteur à déplacer son regard. Et dans
cette somme magistrale, Élisabeth Crouzet-Pavan nous guide dans
la complexité d'un univers humain qui éprouvait autant un immense
amour de la vie qu'une tenace peur de la mort, autant une
extraordinaire exaltation créatrice qu'une profonde sensation de
finitude...