«Il y a de cela vingt ans, au moment de quitter ma terre natale,
je fus pris d'une excitation et d'une tension où l'impatience de
découvrir la France le disputait à l'angoisse de l'exil. J'avais une
fiancée, Chilane, mais une autre jeune fille, Silikani, la joyeuse
effrontée, hantait mes jours et mes nuits. Pour échapper aux
dilemmes amoureux et aux appréhensions qui me submergeaient
alors, la musique africaine fut l'un de mes exutoires
les plus efficaces...
J'ai conservé de ces instants le souvenir de rythmes cadencés
et apaisants. Ils ont été de formidables digues érigées
contre les torrents de l'amertume. On ne danse pas quand on
est amer, on s'assoit, on gémit et on pleure. Quand on quitte
la vallée des larmes, on se lève et on marche. Quand on veut
se sentir pleinement heureux, on esquisse un pas de danse.
Le voici !»
Après La transmission puis La divine colère, Silikani clôt la trilogie
romanesque d'Eugène Ébodé et prolonge les souvenirs d'une adolescence
africaine.