Les ravages de la mondialisation conduisent les citoyens à rechercher des
moyens de peser sur l'évolution de la société. Leur consommation en est
un. À la fin des années 1990, le concept de commerce équitable conquiert
le grand public avec un produit-phare, le café. Très vite, tout produit se
prête à sa version «équitable», l'équitable devient tendance. C'est un petit
business qui monte.
Son concept repose sur un triple engagement, celui des producteurs et
des consommateurs arbitré par de nouveaux intermédiaires, les «acteurs»
de l'équitable : les consommateurs paient «un peu plus cher» un produit
acheté à un prix supérieur aux cours mondiaux pour assurer un revenu
décent aux petits producteurs du Sud. Les acteurs veillent au respect des
normes sociales et environnementales.
Qu'en est-il de la promesse que les uns et les autres se font ? Les organisations
relais et entreprises qui font de l'équitable tiennent-elles leurs engagements
? Qui est vraiment gagnant ? Répondre à ces questions, c'est éclairer
d'un jour cru un aspect que certains «commerçants de la bonne conscience»
aimeraient tenir secret.
Initié par le militantisme citoyen, largement instrumentalisé par les
bureaux de marketing, le commerce équitable a été récupéré par les marchands
d'illusion. En se donnant à la grande distribution et à quelques
transnationales en quête d'honorabilité, les adeptes de la marchandisation
de l'équitable ont ouvert la boîte de Pandore.
Christian Jacquiau a mené l'enquête pendant deux ans. Il nous invite
dans l'arrière-boutique d'un secteur méconnu et nous dévoile les dérives et
abus commis au nom de l'équitable.