Editeur
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Date de parution
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00:00:00
EAN/ISBN
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Thématique
:
Art - Cinéma, arts du spectacle, musique
Adhérent
:
Flammarion
Présentation de l'éditeur
Behzâd, enlumineur figuratif né
au XVe siècle dans le royaume
centrasiatique de Hérât (actuel
Afghanistan), reste le plus grand nom
de toute l'histoire de la peinture musulmane
d'Orient : maître incontesté de cet
art dit de la «miniature persane» et personnage
mythique qui aurait insufflé
son style à l'illustration de tous ces
manuscrits exquis copiés pour les sultans
d'Istanbul, d'Ispahan et de Delhi.
Reconstituer le catalogue de l'oeuvre
authentique de Behzâd demeure donc
une exigence centrale pour rédiger l'histoire
raisonnée de l'art figuratif d'une
civilisation entière.Ce livre, visuellement très riche, va plus
loin qu'une pure critique de la forme.
Son étude poussée des peintures de
Behzâd et de ses disciples dégage, pour
la première fois, l'ensemble du langage
allégorique caché dans ces images gemmées
: avec le sens précis de chaque personnage,
geste, fleur, bijou, arme, rocher,
arbre ou animal. En outre, nombre des
calligrammes introduits à dessein par
Behzâd dans ses décors d'architecture,
jamais déchiffrés jusqu'ici, se révèlent
être des textes de Maître Djâmî (1414-1492),
l'autorité religieuse la plus éminente
et la plus respectée du monde islamique
de l'époque. Or, les vers de Djâmî
cités par le peintre signifient l'approbation
totale, par un haut clerc de l'Islam,
de l'art même de l'enluminure figurée.
Les implications de cette connivence
entre un peintre de cour et le plus célèbre
théologien musulman de son temps
sont révolutionnaires, car elles renouvellent
notre compréhension du rôle
paradoxal dévolu aux arts figuratifs,
dans le contexte d'un islam traditionnel
que l'on a cru longtemps sévèrement
hostile aux images.Ce livre, véritable déchiffrage de hiéroglyphes
visuels, en restitue le propos et
s'inscrit donc de manière délibérée dans la
lignée des travaux d'Émile Mâle sur le
symbolisme de l'art médiéval chrétien.
L'histoire de l'iconographie islamique
accuse un bon siècle de retard sur l'étude
du Moyen Âge byzantin ou occidental.
Or, la peinture de Behzâd, comme celle
de ses grands contemporains russes ou
flamands, reste tout autant chargée de
sens : car la «miniature persane», comme
sa soeur gothique, est bien un art sacré.
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