Au Brésil, dans une grande forêt, le long de l'océan,
l'artiste Frans Krajcberg vit dans une extraordinaire
maison-cabane, en haut d'un arbre millénaire. La
nature est son atelier. Depuis l'aube jusqu'au soleil
couchant, il guette les moindres jeux de lumière sur
les fleurs ou les plantes. Il veille sur la croissance
des arbres, ainsi que sur tout ce qui rampe, grimpe
ou vole. Toute cette beauté l'émerveille. Sans cesse
il s'enthousiasme : «Viens voir ! Regarde !»
Pourtant, devant cette nature luxuriante, Frans
Krajcberg n'est jamais apaisé. Il sait que la forêt
amazonienne est menacée par la cupidité et
l'inconséquence des hommes. Partout on coupe les
arbres, on les brûle par milliers, on met les Indiens
en péril. «Le poumon vert» de la planète est en
danger.
«Alors, dit-il, je ramasse tout ce qui est brûlé, tout ce
qui est mort, et je m'en sers pour montrer ce que
l'homme fait à la nature.» Ces matériaux, l'artiste
leur donne une nouvelle vie. Il sculpte, grave,
dessine, photographie. Ses sculptures-arbres crient
sa colère. Toute son oeuvre est engagée dans un
combat mondial contre toutes les formes de destruction
de la nature. Avec son petit chapeau, sa
barbe broussailleuse et son énergie inépuisable,
Frans Krajcberg incarne «l'art révolté».