De 1917 à 1922, une épidémie de lettres anonymes s'abat sur la ville
de Tulle. Glissés dans les paniers des ménagères, abandonnés sur les
trottoirs, les rebords des fenêtres et jusque sur les bancs des églises, ces
centaines de courriers qui dénoncent l'infidélité des uns, la mauvaise
conduite des autres alimentent toutes les conversations. Peu à peu,
une atmosphère de suspicion empoisonne la ville : quel est donc ce
mystérieux anonyme ? Que recherche-t-il ?
Quand un greffier de la préfecture, troublé par la réception d'une
missive, perd la raison et meurt au cours d'une crise de démence,
l'enquête policière s'accélère et la presse nationale se précipite à
Tulle. Les feuilles à scandale ne se trompent pas : l'affaire se révèle
machiavélique et l'instruction riche en rebondissements.
Une fois le coupable identifié, ce fait divers qui a défrayé la chronique
aurait pu être oublié s'il n'avait servi de source d'inspiration à
Henri-Georges Clouzot pour réaliser Le Corbeau en 1943, chef d'oeuvre
du cinéma des années noires. Si le film a durablement éclipsé l'histoire
dont il est issu, l'affaire des lettres anonymes de Tulle méritait d'être
sortie de l'oubli car la réalité, surprenante, diabolique, dépasse sans
doute la fiction.