Après le 11 septembre, a-t-on dit, les politiciens feraient bien de
commencer à étudier la théologie. Est-ce à dire qu'ils devraient se
mettre à l'école de Carl Schmitt, celui qui a rendu célèbre le terme
de «théologie politique» ?
Son oeuvre est loin de faire l'unanimité. Au contraire, elle n'a cessé
de soulever polémiques et controverses des plus passionnées. Sa
force résiderait davantage dans les questions qu'elle soulève que
dans les réponses qu'elle apporte. Tel est le cas de la «théologie
politique» précisément, notion problématique par excellence désignant
à la fois un projet scientifique de «sociologie des concepts
juridiques» et une entreprise apologétique ayant pour ultime ressort
une «radicalisation authentiquement catholique».
Tel est aussi le cas de la redécouverte schmittienne du concept
paulinien de katékhon, qui désigne la force ou la personne faisant
obstacle à l'arrivée de l'Antéchrist. Qui donc est le katékhon ? Qui
retient la fin de l'histoire ? Au fil des hypothèses de Schmitt, c'est
un véritable roman policier qui prend forme. À vrai dire, c'est un
double «polar théologique» qui est ainsi proposé au lecteur,
puisque la grille de lecture théologico-politique est aussi appliquée
à un classique du genre : Les Frères Karamazov.