«Musulman» roman. D'un cabanon de zinc où elle est enfermée, la
narratrice se souvient. Isolée dans un camp par le simple fait de ses origines musulmanes,
elle s'interroge sur ses nombreuses tentatives d'échapper à un tel destin.
Marquée dès l'enfance par la rupture avec sa langue natale, qu'elle parlait en
Algérie, elle abandonne volontairement le berbère, tissé dans l'étoffe des contes, pour
se réfugier dans la langue française, avec le Petit Poucet pour guide. Ce compagnon
d'infortune, figure emblématique d'un récit d'abandon, la ramènera pourtant à la
langue de sa mère, et à la complexité de ses origines.
Issue d'une culture dite minoritaire dans l'Islam, cette femme devenue adulte se
confronte à une nouvelle violence : le déni de la diversité de celui qu'on noie sous la
figure générique de l'Arabe.
Acculée, elle tente une fuite, vers l'étude, puis vers la solitude. Mais la convulsion
islamique qui agite le monde la rattrape. Elle se retrouve prisonnière.
Nourrie par la singularité de son identité, Zahia Rahmani prolonge par ce texte
puissant et inspiré, à mi-chemin entre prose, poésie et écriture dramatique, la
réflexion sur le bannissement qui était la sienne dans Moze, son premier livre. Cette
femme condamnée - son semblable ou son double - témoigne de l'injonction faite à
ceux qui sont nés de parents musulmans de coller à une identité prédéterminée et
dessine les contours d'une figure de paria à venir, le «Musulman».
Ce livre dit avec force et légitimité l'urgence à faire entendre d'autres voix sur la
question du «Musulman».