Au Zimbabwe, le « Président-élu-démocratiquement-à-vie » décide l’expropriation des colons. Au début, la communauté blanche n’y croit pas, assurée de ses privilèges et de son ancienneté dans le pays. Mais face à l’arbitraire du tyran, de ses milices et du ressentiment de ses anciens employés, elle décide de s’organiser ou de s’exiler. Thomas Cornu fait partie de ces grands propriétaires terriens, jusque-là en bonne intelligence avec le Pouvoir. Ses filles, Fanny et Blues, sont le pur produit d’une éducation blanche, sûre de sa supériorité : belles, futiles, méprisantes, capricieuses. Tout comme leurs cousins, cousines et amis. L’expropriation les oblige tous à repenser leur destin, leurs priorités et leurs convictions. Amoureuse d’un aventurier, Blues décide de rallier l’opposition politique au Président, mais autour d’elle les réactions sont contrastées.
La Plantation évoque les rapports ambigus et antagonistes entre Occident et Afrique, les incarnant dans des personnages à la fois violents et chimériques, ambivalents et incertains, rusés et naïfs. C’est une vraie fresque romanesque, avec sentiments et amours contrariés, qui plonge dans les tumultes de l’histoire et prend à rebours les clichés exploitants/exploiteurs.
Cet Autant en emporte le vent contemporain expose les paradoxes du devenir historique de l’Afrique, tombée après l’indépendance sous la domination de chefs de tribu corrompus, la haine des anciens colons, l’incurie généralisée.
Ardente militante de la cause des émigrés de couleurs, Calixthe Beyala, se met pour la première fois dans la peau d’un personnage blanc.
Un très beau sujet traité avec force, émotion, chaleur et subtilité, que seuls les romanciers blancs d’Afrique du Sud, comme Coetzee ou Gordimer, ont osé aborder.