«Un péplum votre roman ? On y retrouve
bien évidemment de la toge, du drapé chic,
de la chaise curule, du chapiteau corinthien,
des petits musclés du cirque mais également
des latrines bien romaines où il me plaît de
siphonner tous les vices et bien des vertus
trop ostentatoires des faux culs de cette
époque, qui peut, par certains côtés, renvoyer
à la nôtre.
Alors, un conte moral ? Plutôt amoral. En
fait c'est une chronique sur Pétrone, l'ami du
prince - Néron -, l'arbitre des élégances, et
l'auteur de ce que nous appelons aujourd'hui
le Satiricon, premier grand roman picaresque
de l'histoire de la littérature, peuplé de fiers
"picaros" et de tendres canailles. Pétrone est
un entrepreneur de démoralisation. De démolition
également. Démolition du langage par
l'argot glané dans les bouges de Marseille,
au temps de sa jeunesse, car Pétrone fut marseillais
avant d'être romain. Démolition des
idées reçues : Pétrone fait table rase de toutes
les conventions ; et en épicurien, il s'amuse, à
l'ombre des idées nihilistes. Au moment de
s'éclipser sur la pointe des pieds, il ne vous
laisse en partage que sa vérole, et de grands
éclats de rire au crépuscule.»