Théâtre par excellence de l'hominisation et de l'humanisation, la
naissance est chargée d'une riche signification symbolique. Les
sciences humaines ont mis en valeur l'importance de ce qui se joue
ou se rejoue lors de ce passage, seuil originel pour l'individu,
promesse de survie et de renouvellement biologique et culturel pour
la collectivité.
De tous temps, les sociétés humaines ont inventé des gestes, des
rites, des croyances exprimant leurs attentes et conjurant leurs
angoisses face à l'apparition d'un petit d'homme. Mais aujourd'hui,
dans le contexte des profondes mutations qui bouleversent la
procréation, la médicalisation galopante tend à réduire la naissance
à sa seule dimension biologique.
S'interrogeant sur les vertigineuses perspectives sociales ou
éthiques suscitées par cette révolution, Yvonne Knibiehler,
historienne des femmes, et Paul Cesbron, gynécologue-obstétricien,
confrontent leurs points de vue. Loin de prôner la restauration des
pratiques anciennes, ils invitent, chacun à leur manière, à repenser
l'heureux événement en lui rendant sa dimension fondatrice de
conscience et de culture.