Toute aventure humaine requiert ses conditions. Honoré de
Balzac avait besoin, dit-on, de duchesses pour écrire. Pour
s'élever jusqu'au mythe, le Tour de France réclame de
vaillants grimpeurs. La science, elle, a besoin de se frotter au
bizarre pour continuer sa marche et s'arracher à ses routines.
Sans paradoxes, elle deviendrait un cercle. Un cercle vicieux
même, car rien ne viendrait perturber sa monotone trajectoire.
C'est pourquoi, pour le scientifique, toute rencontre avec le
bizarre prend des allures d'aubaine : elle l'oblige à penser plus
haut, à regarder plus loin, à dépasser ses idées reçues, à oser
des explications audacieuses, à inventer des concepts inédits.
Elle le défie, le provoque, lui donne même l'occasion de
retrouver une saine fraîcheur hérétique.
La distillation du bizarre serait-elle la tactique choisie par le
réel pour attirer notre attention et nous aiguiller vers certaines
vérités cachées ?