«Le jour où je suis né, la terre a tremblé à Santiago
de Cuba. C'est du moins ce que soutenait ma mère.
Fallait-il la croire ? Le fait est que j'eus droit, au cours
de ma petite enfance, à diverses versions de cette naissance
héroïque...»
Ainsi commencent ces Années Cuba, texte inclassable
qui pourrait être l'autobiographie d'Eduardo
Manet. Tout y est vrai, mais tout semble légendaire,
tant ces pages sont folles et joyeuses...
Un père avocat, d'origine espagnole, qui enlève une
adolescente sur son cheval blanc ; une nourrice haïtienne
qui rassure le petit Eduardo en le serrant contre
ses seins, à la nuit tombée ; des amis catholiques
et marxistes, qui détestent Franco, se disputent, se
réconcilient autour d'un poste à galène ; la passion de
l'écriture, qui emporte Eduardo à quinze ans. Puis le
théâtre, le cinéma et... la politique.
«Compañero» des révolutionnaires cubains, qu'il
suivra dans les situations les plus improbables, du
lycée de La Havane jusqu'à New York, des théâtres
militants aux chambres du Ritz, Eduardo Manet nous
offre ici un portrait féroce mais tendre du «marxisme
tropical». Par la suite, il voyagera dans tout le bloc
soviétique, dont il révèle la vitalité morbide et drôle...
Dans la grande tradition sud-américaine, Eduardo
Manet se raconte avec sensualité, exaltation, jusqu'à la
France de 1968 - mais c'est une autre histoire...