Nous connaissons tous Confucius.
Et pourtant, s'il fallait faire son portraitrobot,
personne ne serait capable
de lui donner son vrai visage : aucun
vestige tangible, aucune trace écrite
de sa main ne subsiste. Son fantôme
tutélaire n'en survit pas moins à toutes
les révolutions et l'écho de son verbe,
conservé dans les «Entretiens» réunis
par les élèves de ses disciples, retentit
encore aujourd'hui. Ses admirateurs
saluent en lui le créateur de l'humanisme
chinois. Ses détracteurs le tournent
en ridicule, dénonçant son obsession
surannée des rituels vides et castrateurs.
Car un abîme sépare la personnalité
d'un maître sans nul doute charismatique,
et les rigidités comportementales tirées
de ses enseignements, qui connaissent
plus de 2 500 ans de commentaires et
d'adaptation à la vie sociale et politique.
Danielle Elisseeff part sur les traces
de ce sage élevé au rang de héros, parfois
de dieu, et retrace l'évolution du
confucianisme, composante indéracinable
de la culture chinoise.