La conversation n'est pas seulement un passe-temps agréable
destiné à nous délasser du travail ou à nous divertir de nos tracas,
mais tout autant une occasion d'entrelacer notre existence à
d'autres que nous, en toute liberté et selon notre humeur. Nous
y découvrons notre capacité à plaire, et aussi à savoir écouter.
Mais alors, comment la distinguer du dialogue ou de l'entretien
? La correspondance et la causerie ne sont-elles pas des
formes plus achevées de la conversation ? Pouvons-nous converser
avec Dieu, avec les poètes disparus, entre amoureux, et dans quelles
conditions ? A quels signes reconnaître l'horrible bavardage ?
Comment éloigner les goujats, les fâcheux, les êtres suffisants
qui, dans leur complétude, n'ont rien à attendre de nous, les ironistes
aussi, à la froideur dérangeante ?
Dans cette satire joyeuse de nos temps de «communication»,
Pierre Sansot poursuit son projet singulier, récemment marqué
par un Bon usage de la lenteur, de la marche ou de la séduction. De
cette conversation ordinaire qui n'est pas l'apanage de quelques
nantis, nul n'est exclu, à condition d'apporter son écot, en l'occurrence
des phrases, des pensées, des élans de l'esprit qui lui appartiennent
en propre.