La recherche dans le domaine cinématographique prend parfois des airs de fouilles
archéologiques : des images enterrées, que l'on pensait perdues, dont on ignorait parfois
l'existence, réapparaissent comme les pièces d'un puzzle qui se reconstitue peu à peu.
Jusqu'aux années quatre-vingt-dix, l'historiographie data les débuts de l'avant-garde
américaine de 1943, année où Maya Deren et Alexander Hammid tournèrent Meshes of the
Afternoon, négligeant une bonne partie de la production antérieure qu'elle considérait comme
un épiphénomène ou une retombée des mouvements artistiques européens.
Des chercheurs passionnés (Jan-Christopher Horak et Bruce Posner, entre autres) ont
redécouvert des films longtemps demeurés invisibles et ont pu réécrire l'histoire des
débuts du cinéma réalisé en dehors de Hollywood. Ils font revivre une époque très riche,
où la frontière entre amateur et professionnel, commercial et indépendant, fiction et
non-fiction était très floue.
Ce qui réunissait des artistes comme Joseph Cornell ou Rudy Burckhardt, des photographes
comme Ralph Steiner, Paul Strand, Charles Sheeler, des critiques comme Lewis Jacobs
ou Seymour Stern, des scientifiques comme Paul Fejos ou James Sibley Watson, Jr., était
tout simplement l'amour du cinéma.