Bagdad ne fut pas toujours synonyme de dictature et de passions guerrières. Longtemps, au contraire, l'héritière de l'ancienne Babylone garda en son sein les traces d'une diversité culturelle unique en son genre, où les communautés cohabitaient pour le pire, parfois, mais aussi pour le meilleur. Naïm Kattan, l'un des intellectuels les plus brillants de la francophonie, est un témoin privilégié de ce passé ignoré par beaucoup. Son adolescence de «Juif arabe» s'est déroulée au coeur des multiples contradictions d'une Bagdad alors soumise aux répercussions de la Seconde Guerre mondiale. Aussi épris de patriotisme irakien que ses compagnons musulmans, il dut se frayer un chemin d'homme dans un univers riche mais complexe, entre tradition et modernisme, entre son antique communauté juive et la culture arabe, entre le refus du colonialisme anglais et la fascination pour un Occident aux séductions irrésistibles. Puis la création de l'État d'Israël rendit dramatique la situation déjà bien précaire des Juifs irakiens, et le départ devint quasi inévitable... Adieu, Babylone!
Ces mémoires pleins de vie et d'intelligence, publiés pour la première fois il y a trente ans, ont pris aujourd'hui une densité tout à fait singulière.