Articles

Imprimer Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur LinkedIn

Compte rendu

Retour sur la Foire du livre de Londres : "Plus personne n’achète comme avant"

mai 2023

18 au 20 avril

La Foire du livre de Londres s'est tenue à Olympia. "C'est la première édition qui donne l'impression du retour à une véritable foire, celle de 2022 ayant été une sorte d'édition convalescente après les deux ans d’interruption due à la pandémie", rapporte Mathias Rambaud chargé du livre à l’Institut français du Royaume-Uni. 


La Foire du livre de Londres 2023 s'est tenue à Olympia. Ce lieu historique de Londres, qui accueillait les volontaires de la France libre durant la Seconde Guerre mondiale, est encore pris dans un chantier pharaonique de rénovation de plus de 1,6 milliard de livres sterling, dont devrait émerger un "hub culturel" à la fin 2024. De l'avis général, c'est la première édition qui donne l'impression du retour à une véritable foire, celle de 2022 ayant été une sorte d'édition convalescente après les deux ans d’interruption due à la pandémie. En partenariat avec l’Ukrainian Book Institute, l’English PEN, la Publishers Association, l’International Publishers Association (IPA) et le British Council, le grand rendez-vous britannique de l'édition mondiale consacrait un focus à l’Ukraine, ouvert par le ministre ukrainien de la Culture, Oleksandr Tkachenko.


Dans son article A Tale of Two Cities paru sur son blog BookBlast, Georgia de Chamberet compare les foires de Londres et de Paris, et rapporte le sentiment général : "les high-concept novels marchent bien, ainsi que la littérature ukrainienne, mais personne n’achète plus comme avant." Avant ? Mais avant quoi ? La pandémie, le Brexit, la crise du papier, l’explosion des frais de production... faites votre choix. Pourtant, en 2022, la santé économique de l’édition britannique n’était pas mauvaise, loin de là. Un chiffre d’affaires global de 6,9 milliards de livres sterling (plus de deux fois les chiffres de l’édition française), dont deux tiers réalisés à l’exportation. L’effet de BookTok ou de Youtube sur les achats de livres au Royaume-Uni reste marginal (3%), mais on rapporte que son influence est en forte augmentation.


Comme chaque année, la présence française s’est fait remarquer par le positionnement historique, central et stratégique du stand du Bureau international de l’édition française, où plus de 180 éditeurs étaient accrédités. La majeure partie d’entre eux se sont réunis, le soir du 18 avril, à la résidence de France à Kensington Gardens pour une réception donnée par Mme l’Ambassadrice Hélène Duchêne, en présence de Nicolas Roche et à l’invitation de l’Institut français du Royaume-Uni. 



Le stand du Literary Translation Centre a accueilli de nombreuses tables rondes sur les questions de littérature en traduction et de diversité culturelle, lesquelles ont mis en lumière un tournant majeur dans la culture anglophone en faveur de la traduction, grâce notamment à l’émergence de maisons indépendantes et de jeunes éditeurs spécialisés dans le domaine. Une récente étude, commandée à Nielsen par le Booker Prize, montre qu’au Royaume-Uni, le français a été détrôné de sa place de première langue source de traduction (en chiffres de vente) par le japonais, et ce - précision importante - hors mangas. Au regard des chiffres de production, le français conserve cependant sa première place. 


L’étude montre aussi l’importance de l’International Booker Prize dans la reconnaissance de la littérature traduite au Royaume-Uni auprès d’un public de plus en plus large, et majoritairement plus jeune que le lectorat de littérature britannique. Il est à noter que deux Français sont finalistes cette année : GauZ’ et Maryse Condé, comme cela avait été le cas en 2021 avec Éric Vuillard et David Diop, ce dernier ayant même fini lauréat avec la traduction anglaise de Frère d’âme. Invité à présenter sa feuille de route aux représentants de plus de 30 ambassades et instituts culturels européens, à l’initiative de l’Institut français du Royaume-Uni qui préside le cluster EUNIC London, Gareth Rapley, le nouveau directeur de la London Book Fair s’est montré résolument tourné vers le renforcement de la réputation internationale de la foire, en y conviant toutes les facettes de la création culturelle pour favoriser les échanges et les transactions. Un programme alléchant que l’on a hâte de découvrir lors de la prochaine édition de la London Book Fair 2024, dont on se réjouira aussi d’apprendre que les dates ont été décalées aux 12-14 mars afin d’éviter tout conflit avec la Foire du livre pour la jeunesse de Bologne qui se tiendra du 8-11 avril 2024.


Mathias Rambaud