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La librairie de l'IMA, un espace dédié au monde arabe et méditerranéen à Paris

mars 2017

La librairie de l'Institut du monde arable existe depuis 30 ans... Portrait de cette "librairie générale... spécialisée" qui propose près de 15 000 titres.


Fondée en 1987, à l’ouverture de l’Institut du monde arabe, d’abord sous la forme d’une concession puis en gestion directe à partir de 1995, la librairie de l’IMA s’est d’emblée voulue un espace
de référence dédié au monde arabe et méditerranéen. Avec aujourd’hui une offre de près de 15 000 titres, dont 12 000 en français, arabe et anglais, il s’agit sans conteste de la plus grande "librairie générale… spécialisée", ainsi que la qualifie Alain Guillemin, l’actuel responsable du secteur livre, qui y travaille depuis une vingtaine d’années.

 

Des publics divers attirés par la richesse de l’offre

Si sa fonction première de librairie de musée la caractérise, avec dès l’entrée du magasin des ouvrages en rapport avec les expositions du moment, c’est en effet très vite la richesse de l’assortiment et la diversité des thématiques proposées qui frappent le visiteur. Alain Guillemin distingue pour sa part trois publics qui s’y côtoient au quotidien.

 

Tout d’abord, le grand public, attiré par les expositions de l’IMA, dont les dernières en date, Jardins d’Orient (en 2016) et Aventuriers des mers (cette année) ont connu un grand succès. Ces visiteurs d’un jour représentent une part importante du chiffre d’affaires, en achetant principalement des titres en lien avec l’actualité de l’IMA, mais aussi des classiques arabes ou des livres sur des questions de société. Une part de cette clientèle est aussi constituée de parents à la recherche de livres en langue arabe pour leurs enfants. 

Autre public de la librairie, les touristes, qui pour beaucoup la découvrent à l’occasion de leur visite de l’IMA, mais qui, pour d’autres, viennent exprès, parfois de loin, pour y trouver le livre qu’ils cherchent sur le monde arabe. Cette clientèle étrangère, intéressée par la culture arabe mais aussi par les problématiques actuelles qui la traversent, est de plus en plus nombreuse, témoignant ainsi de la réputation acquise par cette librairie "hors frontières".

Enfin, la communauté des chercheurs et des spécialistes à qui s’adresse le fonds de la librairie, sans doute parmi les plus riches à Paris sur le monde arabe.

 

Un écho à la production éditoriale marocaine contemporaine

Alors que la librairie n’a aucun mal à se procurer les livres disponibles en France, il en va tout autrement pour les livres importés. À commencer par ceux des pays du Maghreb, pays qui, selon Alain Guillemin, sont certes "plus proches culturellement mais plus lointains… du point de vue de l’organisation de la diffusion". Dans quelques villes, comme Beyrouth ou Le Caire, la librairie de l’IMA dispose de correspondants, ce qui lui permet de se tenir informée sur les parutions et de s’approvisionner. Certains éditeurs au Liban ou dans le Maghreb ont conclu des contrats de diffusion-distribution auprès de partenaires en France, comme L’Oiseau Indigo, Pollen ou encore la Sofiadis. C’est le cas au Maroc des éditions La Croisée des chemins ou de Yanbow Al Kitab. D’autres éditeurs marocains, comme Le Fennec ou Toubkal, ont fait le choix de confier en dépôt leurs livres à la librairie de l’IMA qui les représente ainsi sur le marché français.

 

Si la question de la diffusion des livres marocains en France demeure problématique, pour Alain Guillemin cela ne saurait masquer "la richesse émergente de la production éditoriale et le foisonnement des initiatives", dont témoigne aussi une nouvelle génération d’éditeurs, comme par exemple les éditions En toutes lettres, créées à Casablanca en 2012. Et si la littérature contemporaine occupe toujours la première place dans l’assortiment marocain proposé par la librairie de l’IMA – avec quelques beaux succès commerciaux, tel le livre de Nadia Yassine, Toutes voiles dehors, publié aux éditions Le Fennec –, Alain Guillemin constate également l’intérêt croissant du public pour les ouvrages de société et de politique, devant les livres de jeunesse, notamment en arabe.

 

Le livre d’art demeure le secteur le moins prisé, sans doute en raison de son prix et quand bien même plusieurs éditeurs marocains ont développé un catalogue aujourd’hui réputé, comme les éditions Sirocco, ACR Édition ou encore La Croisée des chemins. Au final, c’est bien l’image d’une production éditoriale diversifiée et dynamique qu’offre, au sein de la librairie de l’IMA, le Maroc, et que le Salon du livre de Paris met à l’honneur.


Pierre Myszkowski