La culture d'une époque se révèle toujours de
manière exemplaire dans la conception et l'image
qu'elle se fait de l'idiot. Celui-ci a bien souvent
changé d'identité depuis son apparition dans les
textes mystiques du IVe siècle. L'idiot de François
d'Assise n'est pas exactement celui qu'étudient les
aliénistes Pinel ou Esquirol au XIXe siècle, ni celui qui
transparaît dans ces personnages d'hébétés surgis de
l'expérience concentrationnaire, ni encore ces multiples
idiots qui, monstres hier, sont devenus des
stars dans le cinéma d'aujourd'hui.
Ce sont ces principales mutations et leur réfraction
dans la création artistique que nous nous proposons
de suivre ici, explorant les manières qu'a l'idiot de
bouleverser notre rapport à nous-mêmes et de nous
mettre en demeure de vivre une autre expérience de
l'individualité et de l'intersubjectivité.