Des premiers temps d'apprentissage dans l'atelier de
Jacopo puis de Giovanni Bellini, suivis d'une collaboration
empreinte de rivalité avec Giorgione, jusqu'au rigoureux
et, pourrait-on dire, implacable développement qui le
mènera à ses derniers travaux, Titien, au cours de sept
décennies de règne sur le milieu artistique vénitien, ne
cessa d'être considéré comme cet homme «divin et sans
égal dans l'art de la peinture» que vantait Lodovico Dolce,
cité par John Pope-Hennessy. Un parcours qui semble
une irrésistible accélération vers l'angoisse assumée et
le drame.
Dans ce bouillonnement d'expériences en apparence parfois
contradictoires que reflètent d'innombrables oeuvres,
Titien, au fil des ans, apparaît comme l'un de ces génies
incarnant le plus parfaitement leur époque pour se projeter
au-delà. Il y parviendra en ignorant les préceptes
énoncés par les Toscans, c'est-à-dire en renonçant aux
certitudes intellectuelles du dessin, pour tout miser sur la
couleur, qui fut le véritable sujet de l'école vénitienne. Une
expérience de la couleur qui, chez lui, sera avant tout celle
de la lumière.
C'est ce parcours exceptionnel que John Pope-Hennessy
(1913-1994) évoque dans des notes rédigées en 1991, en
vue d'une conférence qui fut l'une des dernières interventions
de ce brillant historien de l'art. Responsable
du département des sculptures du Victoria and Albert
Museum, puis directeur du même musée entre 1967 et
1973, il acheva sa carrière comme responsable des peintures
du Metropolitan Museum of Art de New York.
Cet ouvrage présente les reproductions d'un choix de
toiles parmi les plus importantes de Titien, avec agrandissement
de détails significatifs. Elles sont accompagnées
de commentaires de Stefano Zuffi, spécialiste de
la Renaissance et de l'oeuvre de Titien, ainsi que d'une
biographie richement illustrée et d'une bibliographie
détaillée.