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Annie Ernaux traduite dans plus de 40 langues

novembre 2022

Il y avait foule sur le stand de Gallimard à Francfort après l’attribution du prix Nobel à Annie Ernaux. L’émergence de quelques voix polémiques en France, et des accusations d’antisémitisme en Allemagne, n’ont pas empêché Judith Rosenzweig, directrice des droits étrangers chez Gallimard, de recevoir de multiples intérêts provenant du monde entier.


BIEF : Dans combien de langues Annie Ernaux a-t-elle été traduite avant de recevoir le prix Nobel ? 


Judith Rosenzweig : "Elle a été traduite dans pas moins de 42 langues. D’abord en espagnol, dès son premier roman Les Armoires vides, paru chez Gallimard en 1974. Ce qui a vraiment déclenché un intérêt international pour l’œuvre d’Annie Ernaux a été le prix Renaudot attribué à La Place en 1984. Depuis les années 90, elle a été beaucoup traduite avec une amplification notable quand Les Années, publié en anglais en Grande-Bretagne par Fitzcarraldo et aux États-Unis par Seven Stories, s’est retrouvé en finale du Man Booker International Prize en 2019. Même si elle n’a pas obtenu ce prix, cela a jeté un éclairage supplémentaire sur ce titre et le reste de son œuvre, bénéficiant indubitablement à sa notoriété internationale."

 

BIEF : Y a-t-il des pays dans lesquels ses livres ont été particulièrement lus et vendus ? 


Judith Rosenzweig : "Elle a eu un succès indéniable auprès des féministes américaines depuis les années 90, son éditeur américain a publié une grande partie de son œuvre. Elle est également très reconnue et appréciée en Espagne où elle est publiée par un formidable petit éditeur indépendant, Cabaret Voltaire et a été couronnée, en 2019, du Premio Formentor, prestigieux prix littéraire international créé par Carlos Barral. En Italie, elle a aussi un petit éditeur indépendant très intéressant, L’Orma. Elle y a reçu le Premio Strega Europeo pour Les Années en 2016. En outre, elle connaît un grand succès en Allemagne. Suhrkamp a publié assez récemment plusieurs de ses ouvrages, récompensés par le prix de l’Académie de Berlin en 2019. En Asie, l’œuvre d’Annie Ernaux est notamment traduite en Corée, au Japon, en Chine."


BIEF : Quelles sont les réactions de la part des éditeurs étrangers à Francfort après le prix Nobel ? 


Judith Rosenzweig : "Il y a eu une activité frénétique de la part de ses éditeurs dès l’annonce du Nobel et sur notre stand pour acquérir les droits des titres d’Annie Ernaux qu’ils n’avaient pas encore, pour renouveler les contrats, ou pour obtenir les droits de son dernier livre, Le Jeune Homme, qui est un court texte [sur sa relation amoureuse avec un homme de trente ans de moins qu’elle] que nous avons publié avant l’été. En outre, son œuvre a suscité de nombreux intérêts dans de nouvelles langues dans lesquelles elle n’avait encore jamais été traduite, notamment les langues indiennes : hindi, malayalam, bengali, tamoul... mais aussi kazakh, azéri, mongol et thaï. Je ne doute pas qu’on atteigne très vite 45 langues en traduction, voire 50.


Propos recueillis par Katja Petrovic