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"Nous souhaitons élargir l’horizon de nos lecteurs avec des livres venant de contextes très variés"

janvier 2021

Suite à la publication de l’étude sur les éditeurs de littérature générale aux États-Unis, le BIEF, en collaboration avec The French Publishers’ Agency, publie une série de portraits d’éditeurs américains ouverts aux traductions françaises. Coup d’envoi avec Nathan Rostron de Restless Books à New York. 


Nathan Rostron est éditeur et directeur marketing chez Restless Books, une maison indépendante basée à Brooklyn, spécialisée en fiction, non-fiction et young adult. Elle publie une quinzaine de titres par an dont de nombreux auteurs francophones et français.

 

BIEF : Quelle place la production française occupe-t-elle dans votre catalogue ?

 

Nathan Rostron : Restless Books a publié une grande variété de titres français, des livres illustrés aux romans historiques. La production française est un moyen d'aborder des sujets politiques, sociaux et personnels à l'échelle mondiale. Nous sommes également heureux de représenter des auteurs de Maurice, de Madagascar et d'Iran écrivant en français. Pour la plupart ce sont leur première traduction en anglais. Il est particulièrement intéressant de faire découvrir ces nouvelles voix, issues de contextes géographiques si différents, aux lecteurs de langue anglaise. 

 

BIEF : Y a-t-il des sujets venant de France et des pays francophones que vous recherchez particulièrement ?


NR : Nos récentes publications reflètent la diversité de nos intérêts : de l'histoire du colonialisme dans Au-delà des rizièresde Naivo le tout premier livre malgache jamais traduit en langue anglaise – au message de la tolérance dans La Lumière allumée de Richard Marnier en passant par la question des droits de l'homme dans Le Silence des Chagos de Shenaz Patel. Nous sommes également heureux de publier cette année Sciences de la vie de Joy Sorman, traduit par Lara Vergnaud, un roman sur le cheminement mystérieux des maladies génétiques. En 2022, nous publierons Pina, un roman très émouvant sur une famille à Tahiti, de Titaua Peu et traduit par Jeffrey Zuckerman. Nous privilégions les histoires qui permettent d'élargir l’horizon de nos lecteurs anglais ; des récits convaincants, qu'ils soient de fiction ou non. De manière générale, nous nous intéressons à des sujets tels que l'immigration, l'identité, la mondialisation et l'histoire. Cela ne veut pas dire que nous n'aimerions pas publier le prochain grand thriller ou roman de science-fiction français ! 


BIEF : Vous avez également publié Le Garçon de Marcus Malte…


NR : Oui ! Le Garçon s’intègre parfaitement dans notre ligne éditoriale. Marcus Malte est un auteur phénoménal, il a reçu des prix et n'avait jamais été publié en anglais. Nous avons été captivés par la puissance et la singularité de son style dans ce roman épique. Raconté à travers les yeux d'un jeune homme sauvage qui ne peut ou ne veut pas parler, ce livre entraîne les lecteurs dans un voyage tentaculaire à travers le début du 20e siècle avec ses guerres et ses bouleversements technologiques et sociaux. Il y est également question d'amour, de mort, et d'espoir en l'avenir. En résonance avec l’année 2020 qui nous a fait vivre tant d’épreuves, Le Garçon illustre magnifiquement la puissance, la fragilité mais aussi la persévérance humaine. 

 

BIEF : Comment les médias, les libraires et le public ont-ils réagi à ce roman ?

 

NR : Le Garçon a reçu des critiques élogieuses dans Publishers Weekly, Kirkus et Booklist avant même sa publication. D’autres grands médias comme The Boston Globe, ou plus confidentiels comme Asymptote, on en a parlé et il a été sélectionné par le magazine londonien Tank comme l'un des meilleurs livres de l'été. De nombreux lecteurs et libraires ont été émus par cette histoire. Les deux traducteurs, Emma Ramadan et Tom Roberge qui sont également propriétaires de la librairie RiffRaff à Providence (Rhode Island) ont été de merveilleux partenaires de promotion. La librairie Albertine à New York a également soutenu le livre. 


Propos recueillis et traduits par Katja Petrovic