Articles

Imprimer Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur LinkedIn

Compte rendu

Le programme "Libraires francophones" : renforcer les échanges entre libraires francophones et français

juillet 2019

12-28 juin 2019

Pour sa neuvième édition, le programme "Libraires francophones", proposé par le BIEF avec le soutien du CNL, a accueilli sept libraires venus d’Abidjan, Budapest, Londres, Melbourne, Rio, Santiago du Chili et Sydney. Durant trois semaines, ils ont rencontré différents acteurs de la chaîne du livre et ont séjourné dans des librairies en France. Pour la première fois, les participants ont également assisté aux Rencontres nationales de la librairie, organisées par le SLF.


S’échapper de sa librairie plusieurs semaines pour suivre une formation n’est pas chose facile à décider mais pour les participants au programme, cela en valait largement la peine. Ainsi ont-ils pu s’imprégner du quotidien d’une librairie française et partager avec leurs homologues leur pratique et leur vision du métier au cours d’un séjour dans une librairie, immersion qui constitue la clé de voûte de ce programme.

 

Au terme de leur participation, les libraires ont dressé un bilan amplement positif. Ils ont souligné l’intensité des rencontres, la richesse des informations et avant tout le professionnalisme des libraires français. Reçu par la librairie Le Divan, Soro Brahima (Librairie de France, Abidjan) dit avoir été impressionné par "la grande culture des vendeurs et la polyvalence des libraires". Breno Aouila (librairie Travessa, Rio de Janeiro et São Paulo) témoigne aussi de "l’implication et du dynamisme de toute l’équipe de Comme un roman" où il était accueilli. Les participants ont tout autant apprécié la richesse des assortiments, même au sein d’une librairie de taille moyenne, comme l’affirme Andrée Magnusson (Language International Bookshop, Melbourne), admirative des rayons philosophie et psychologie qu’elle a pu découvrir à La Petite Lumière. Chez Millepages, à Vincennes, l’inventivité des animations proposées pour faire venir les clients a séduit Emmanuelle Liebert (La Page, Londres) tout en étant témoin "des questions que pose pour l’équipe des libraires la multiplication des rencontres".

 

Des rencontres avec des auteurs, éditeurs, médiathécaires et libraires

 

En amont et en aval des séjours en librairie, deux courts séminaires ont été l’occasion de multiples rencontres. Avec des auteurs (dont Anna Gavalda, ou Arthur Lochmann, auteur de l'essai remarqué La Vie solide, chez Payot), des éditeurs (Le Dilettante ou encore Dargaud, Dupuis, Le Lombard et Kana, tous réunis au cours d’une après-midi chez Média-Participations, à l’initiative de sa responsable export, Sylvie Guillot), des médiathécaires (la BNF, la médiathèque Françoise Sagan), mais aussi ces nouveaux venus dans la chaîne du livre, à l’image de Christophe Grossi, venu parler de son métier de chargé de relations libraires lors d’une rencontre au sein de la nouvelle librairie Ici. Sans oublier les rencontres avec les partenaires naturels des libraires francophones : le CNL, la Centrale de l’édition et l’AILF.

 

Les Rencontres nationales de la librairie, une occasion pour faire entendre la voix des libraires francophones

 

Parmi les nouveautés cette année, un atelier organisé par l’Asfored pour tester un module de formation en ligne, développé récemment pour la Fnac et que l’Asfored souhaiterait proposer aux libraires à l’étranger. Et une autre première : la participation des libraires francophones aux Rencontres nationales de la librairie (RNL), organisées par le SLF, qui se déroulaient cette année à Marseille. Pour les participants francophones, ces rencontres ont permis de prendre la mesure des débats qui traversent la librairie en France mais le but était aussi de faire entendre auprès des libraires français la voix et l’expérience des libraires francophones. Deux d’entre eux ont ainsi pris part à des ateliers : Breno Aouila qui a évoqué l’expérience des librairies Travessa au Brésil pour diversifier les ventes au-delà du livre et Soro Brahima qui a présenté les outils mis en œuvre par la Librairie de France à Abidjan pour attirer les jeunes publics, notamment les concours de slam organisés avec succès au sein de la librairie.

 

Que retenir de ce programme très complet ?

 

Pour les libraires francophones, dont on sait l’éloignement géographique et parfois même le sentiment de solitude, ce programme les transporte dans un tout autre environnement. Le décalage avec leurs propres réalités, bien que stimulant, peut parfois leur sembler important. Ils ont face à eux des interlocuteurs passionnés par leur métier mais qui, au-delà de la curiosité pour ces libraires venus d’ailleurs, ne prennent pas toujours le temps de l’échange avec eux. Les deux visites à la BNF et à la médiathèque Françoise Sagan ont été d’autant plus appréciées par les participants qu’ils se sont reconnus dans les problématiques soulevées (la question des publics, comment les attirer et les retenir) et les solutions proposées (comment une médiathèque utilise les outils de la librairie pour aménager son espace ou même présenter des livres) mais plus encore, ils ont estimé la qualité du dialogue avec les intervenants (Hasmig Chahinian à la BNF, Philippe Colomb à la médiathèque Françoise Sagan) avec lesquels ils se sont sentis sur un pied d’égalité.

 

Bien plus qu’une simple formation

 

Prendre en compte ce sentiment de décalage (plus ou moins grand) est aussi l’un des enjeux clés du séjour dans les librairies françaises, et tout dépend bien entendu de l’état d’esprit dans lequel les libraires français reçoivent les participants, à savoir des libraires invités et non des stagiaires. Bien plus qu’une simple formation, les libraires francophones attendent de ce programme un échange véritable (et si possible durable) avec leurs homologues français. En s’inspirant pourquoi pas de l’expérience de la librairie des Signes à Compiègne qui recevait cette année Kinga Lászlo (librairie Latitudes, Budapest). Un échange "en connaissance de cause" puisque l’actuelle directrice de la librairie des Signes, Camille Defourny, a elle-même travaillé il y a quelques années à la librairie Latitudes.

 

Enfin, autre dimension importante du programme, les échanges entre participants eux-mêmes, pour évoquer notamment les aspects du métier qui les rapprochent et les causes communes. Parmi celles-ci, la question des partenariats avec les organismes français locaux. Les libraires francophones souhaitent pouvoir les développer et être mieux associés aux acteurs de la chaîne du livre français à l’étranger, notamment les auteurs et éditeurs invités par les Instituts français. Avec pour objectif de mieux coopérer et de contribuer ainsi à la présence de la diversité éditoriale française au sein des librairies francophones.

 


Pierre Myszkowski

Précédent Suivant