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Compte rendu

Retour sur la présence des éditeurs francophones d’Afrique, d’Haïti et du Vietnam à Francfort

octobre 2018

10-14 octobre 2018

19 maisons d’édition représentées, plus de 400 titres exposés, de multiples rendez-vous entre éditeurs, mais aussi avec des agents, des imprimeurs, des diffuseurs… Le stand des éditeurs francophones d’Afrique, d’Haïti et du Vietnam à Francfort a tenu ses promesses.


Déjà remarqué l’an dernier, à l’occasion de l’invitation de la France et de la langue française, ce stand, coordonné par le BIEF avec le soutien de l’OIF et du CNL, a accueilli pour sa deuxième édition les éditeurs de 15 pays francophones dont pour la première fois deux éditrices du Vietnam.

 

Thi Hong Minh Phung s’est rendue à Francfort pour présenter les éditions Nha Nam. Créée en 2005 à Hanoï, la maison est spécialisée en littérature française avec 50 à 60 titres français traduits par an et possède de nombreux auteurs reconnus à son catalogue, comme Patrick Modiano, J.M.G. Le Clézio, Jean-Paul Sartre ou Romain Gary. À Francfort Nha Nam a exposé une sélection de 50 titres traduits de différentes langues (Orhan Pamuk, Murakami, Carlos Fuentes…), des romans d’auteurs contemporains vietnamiens notables et de beaux livres. "Ma première impression du Salon ? C’est La Mecque pour tous ceux qui aiment les livres", pense la jeune éditrice qui a eu des rendez-vous avec des éditeurs français comme Albin Michel Jeunesse, Grasset ou Gallimard. Beaucoup de rendez-vous pour une première participation à Francfort grâce, en partie, aux contacts de sa collègue Thi Thu Phuong, venue à Paris pour participer au programme Fellowship du BIEF en 2017. Quatre autres de ses collègues se sont déplacées à Francfort pour y rencontrer notamment des éditeurs espagnols et anglophones. "Nous avons vendu les droits d’un célèbre romancier vietnamien à une maison anglaise, mais au Vietnam la plupart des maisons achètent encore les droits d’auteurs étrangers. J’ai découvert plein d’auteurs francophones sur notre stand commun, la littérature haïtienne m’intéresse beaucoup, peut-être achèterons-nous certains titres."

 

"Nous n’allons pas nous arrêter là !"

Chaleureux et coloré, le stand des éditeurs francophones d’Afrique, d’Haïti et du Vietnam donnait un bel aperçu de la diversité de cette production éditoriale francophone, entre essais politiques et fictions sentimentales, romans noirs et contes traditionnels, livres de cuisine, bandes dessinées et livres jeunesse. Depuis sa création en 2017, cet espace sert non seulement de vitrine mais également de lieu d’échanges pour des rendez-vous B to B qui commencent à donner des résultats concrets comme en témoigne Isabelle Kassi Fofana, directrice des éditions Fratmat. L’éditrice ivoirienne a acheté trois titres à Bayard Jeunesse cette année (Rêves amers de Maryse Condé, Case mensonge de Gisèle Pineau et 35 kilos d’espoir d’Anna Gavalda), après avoir eu un premier contact avec l’éditeur français sur le stand des éditeurs d’Afrique et d’Haïti à Francfort en 2017.

 

"Nous avons pu rapporter ces titres avec nous l’année dernière pour tester l’intérêt des jeunes pour ces livres. Ce sont des auteures très connues en France mais totalement inconnues en Côte d’Ivoire. Elles ne font pas concurrence aux auteurs ivoiriens et cela nous donne la possibilité de faire découvrir à nos lecteurs d’autres cultures. Puis, cela vient enrichir notre catalogue car jusqu’ici nous n’avons jamais fait de jeunesse chez Fratmat. Et je pense que nous n’allons pas nous arrêter là", explique Isabelle Kassi Fofana.

 

Autre expérience très encourageante qui montre que les échanges entre éditeurs français et francophones du Sud évoluent, celle de Corinne Fleury, fondatrice de la maison d’édition franco-mauricienne Ateliers des nomades. Elle avait rencontré Laurence Renouf, responsable des droits aux éditions de L’Olivier, lors du programme organisé par le BIEF en 2016 à Maurice, puis l’année dernière à Francfort, à l’occasion d’une table ronde consacrée aux difficiles échanges de droits entre éditeurs français et francophones du Sud. Des difficultés liées au fait que de nombreux éditeurs français ne cèdent pas les droits d’auteurs francophones qu’ils publient en France mais vendent leurs livres directement dans les pays francophones, souvent beaucoup trop chers pour les populations locales. "Suite à cette discussion j’ai fait part à Laurence Renouf de mon souhait de monter une collection de romans pour adultes et d’acheter des droits d’auteurs mauriciens pour pouvoir les publier dans une édition semi-poche à Maurice et Laurence nous a cédé les droits de quasiment tous les auteurs mauriciens de son catalogue, en nous proposant un à-valoir raisonnable", se souvient Corinne Fleury qui vient de sortir Sensitive de l’écrivaine mauricienne Shenaz Patel, le premier roman de sa nouvelle collection. "Il peut se passer des choses quand même !"

 

Cette année, le stand a aussi bénéficié de la dynamique initiée par les organisateurs de la Foire du livre de Francfort autour de l’Afrique et de la francophonie. Jouxtant le stand des éditeurs francophones, l’espace Lettres d’Afrique en coopération avec l’Alliance internationale des éditeurs indépendants (AIEI) a ainsi accueilli de nombreuses tables rondes où il a été aussi bien question des échanges de droits entre éditeurs francophones que d’édition féministe, de bande dessinée en Afrique ou encore de la liberté de publier sur le continent africain.  


Pierre Myszkowski et Katja Petrovic

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