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Compte rendu

L’édition indienne, un marché dynamique à fort potentiel

janvier 2018

6-14 janvier 2018

La Foire du livre de New Delhi a de nouveau montré la complexité du marché indien au niveau éditorial, linguistique et structurel. Face au multilinguisme en Inde, le principal enjeu pour les éditeurs français consiste à trouver une place pour leurs traductions.


Le parc d’exposition de Pragati Maidan, malgré plusieurs halls d’exposition en cours de démolition, a accueilli la 26e édition de la New Delhi World Book Fair, du 06 au 14 janvier dernier. L’Union européenne étant invitée d’honneur, une dizaine de pays européens avaient répondu à cette invitation dont l’Allemagne, l’Autriche, la Grèce, l’Italie, la Pologne, le Portugal, Chypre et la France.

 

De nombreux événements ont été programmés sur le pavillon d’honneur comme le "Lazy Sundays of Literatures", organisé par la France, qui a permis de réunir douze auteurs européens dont David Foenkinos. Outre l’Union européenne invitée d’honneur, le thème général de la manifestation était cette année "l’environnement et le changement climatique". Les récents épisodes de pics de pollution sur la ville de Delhi ont fortement sensibilisé les Indiens sur ce thème.

 

Ces trois dernières années, on a pu constater un intérêt particulier des éditeurs et illustrateurs indiens pour la production française. Il est vrai que la France est le seul pays à présenter chaque année de nombreux livres sur son stand, les autres pays se contentant d’une représentation diplomatique, avec seulement quelques traductions.

 

Cette année, cinq professionnels du livre français se sont déplacés à la Foire du livre de New Delhi dont Antoine Gallimard et Fabrice Piault, rédacteur en chef de Livres Hebdo. Également présentes, Anne Risaliti, responsable des droits chez Hatier et Didier Jeunesse, Judith Becqueriaux, responsable des droits chez Denoël et présidente de la Commission Internationale du SNE, ainsi que Judith Oriol, chargée des cessions de droits étrangers pour le territoire indien chez Gallimard et qui était auparavant attachée du livre à l’ambassade de France en Inde. Toutes les trois nous ont livré leurs impressions sur l’état actuel de l’édition en Inde.

 

Judith Oriol, Gallimard

 

"En quelques années, l’édition indienne s’est modernisée et a diversifié son offre tout en faisant face à des difficultés d’ordre structurel telles qu’une distribution encore trop inorganisée. L’édition indienne est un marché à fort potentiel avec une élévation continue du niveau d’instruction auquel les éditeurs français ont tout intérêt à s’intéresser de plus près. Mais avec une vingtaine de langues officielles, notre difficulté sera de trouver une place pour la traduction de nos livres français dans un contexte où l’Inde a d’abord comme objectif de traduire sa propre littérature d’une langue indienne vers les autres langues indiennes.

Nous l’abordons de deux fronts complémentaires : celui du possible marché pour les traductions en langue anglaise, qui ouvre une troisième voie séduisante mais qui se confronte à des articulations délicates avec le marché britannique plus présent. Et celui du marché pour les traductions vers les langues indiennes qui souffre du manque de traducteurs du français, mais qui devrait se développer dans les prochaines années."

 

Judith Becqueriaux, Denoël

 

"Ce déplacement à la Foire internationale du Livre de New Delhi m’a permis de mesurer, de manière très concrète, le dynamisme de l’édition indienne, la grande variété des maisons et les enjeux complexes auxquels elles sont confrontées dans ce pays aux dimensions d’un continent. Le multilinguisme est l’une des caractéristiques majeures que nous devons prendre en compte.

De nombreux éditeurs indiens publiant leurs ouvrages en anglais, il nous appartient d’être vigilants en amont, si nous voulons développer nos échanges, et, lorsque nous cédons les droits de nos ouvrages aux États-Unis ou au Royaume-Uni, de conserver - autant que possible - les droits de la langue anglaise pour le sous-continent indien. En parallèle, on trouve de très actives maisons qui publient en langues locales : c’est avec celles-ci que nous devons aussi créer des liens, et être force de proposition, notamment en nous déplaçant plus régulièrement à cette Foire."

 

Anne Risaliti, Hatier, Didier Jeunesse

 

"Ma dernière participation à la Foire de New Delhi remontait à 2013. Cinq ans après je souhaitais revoir les éditeurs indiens et mesurer les changements. J’avais pris rendez-vous avec les quelques éditeurs qui disposent d’un département jeunesse. À l’instar de ma première visite, ils manquent toujours autant d’argent pour la traduction et la production. C’est pourquoi les aides proposées par l’Institut français sont déterminantes pour l’achat de droits. Si le travail des illustrateurs français est vraiment apprécié par les éditeurs eux-mêmes, ils savent aussi que le public a encore besoin de temps pour s’y accoutumer. Les éditeurs indiens qui sont présents à Francfort et à Bologne, se sont ainsi formés aux différents styles d’illustration des éditeurs européens."


Christine Karavias

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