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Portrait et entretien de professionnel

La Foire du livre de Varsovie, "une manifestation démocratique"

juin 2017

Nous avons interrogé Ela Brzozowska, membre du Conseil de la Chambre polonaise du livre et éditrice aux éditions Akademickie Dialog. Elle a vu la Foire du livre de Varsovie évoluer au fil des années.


La Foire du livre de Varsovie s’est tenue pour la huitième fois. Le nombre de visiteurs polonais et étrangers ne cesse d’augmenter. Comment voyez-vous cette manifestation aujourd’hui ?

 

Depuis que la Foire du livre de Varsovie se tient au stade national et non plus au Palais de la Culture et de la Science, je remarque en effet que les lecteurs viennent massivement. La Foire du livre de Varsovie, c’est avant tout un rendez-vous pour les lecteurs polonais : avec leurs auteurs préférés et avec les nombreux ouvrages auxquels ils ont parfois difficilement accès dans les points de vente des grandes chaînes de librairies. Car à la Foire ce sont les éditeurs qui choisissent les livres, ce qui garantit une grande diversité des genres littéraires et des opinions politiques représentées. Dans ce sens, ce salon est une manifestation très démocratique. Puis je vois que depuis que la France a été invitée d’honneur en 2015, la dimension internationale est devenue nettement plus importante. C’était un grand succès et la France a placé la barre très haut.  

 

Vous dites que la Foire est une manifestation démocratique mais d’après certains, le gouvernement polonais, via l’Institut du livre, favorise la publication d’auteurs en phase avec leur position conservatrice. Qu’en pensez-vous ?

 

Depuis des années on peut observer que chaque gouvernement a sa propre vision de la politique culturelle et qu’il favorise certains auteurs et certains sujets en fonction. S’il est vrai que l’Institut du livre polonais montre actuellement un plus grand intérêt pour l’Histoire et pour certains auteurs conservateurs, il faut aussi dire que ce sont souvent ces mêmes auteurs qui ont été, dans le passé, laissés de côté. Finalement il y a un certain équilibre. En regardant de plus près la liste des ouvrages ayant profité des subventions de l’Institut, on trouve beaucoup d’auteurs manifestant une grande ouverture d’esprit comme Mario Vargas llosa, Marina Cwietajewa, Liu Xiaobo, ou Voltaire. Même si la politique de l’Institut du livre fait l’objet de débats, elle ne change pas le paysage éditorial polonais. Car, pour la grande majorité, les éditeurs choisissent de publier des livres, non pas pour recevoir une aide du ministère, mais en fonction de leur potentiel de vente.

 

Cette année, une table ronde consacrée au prix unique du livre, réunissant des représentants du Börsenverein et des ministères polonais et français de la Culture, s’est tenue lors de la Foire de Varsovie. Le gouvernement polonais devait se prononcer en juin sur l’adoption – ou non – d’une loi sur le prix unique. Qu’en est-il ?

 

C’est en cours. Le projet de loi sur le prix unique du livre vient d’être notifié au parlement. Je suis plutôt optimiste car le ministre de la Culture Piotr Gliński a manifesté un grand intérêt pour ce projet et a démontré sa volonté de vouloir considérer les arguments de toutes les parties, y compris ceux des éditeurs et des libraires, alors même que ce projet fait l’objet d’une critique largement partagée dans les médias polonais.


Propos recueillis par Katja Petrovic