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Compte rendu

Festival French Comics Framed : la BD franco-belge à l'honneur à New York

octobre 2016

[27 septembre - 5 novembre 2016]

Une expo au cœur de New York, 15 auteurs présents, des tables rondes avec des professionnels : la French Comics Association, regroupant plusieurs éditeurs de BD du SNE, a commencé son opération de promotion de la french touch par un projet d’envergure aux États-Unis.


Les rencontres professionnelles organisées à New York par le BIEF,  sur la jeunesse en juin 2016 et sur la BD en mai 2015, ont montré l’attente forte de la part des éditeurs américains de mieux connaître ces secteurs, avant de continuer, de renforcer ou de démarrer une politique d’achats de droits.

Avec la poursuite des mêmes objectifs, l’ensemble des opérations, qui a été organisé en septembre 2016 par la French Comics Association (créée par le groupe BD du SNE) a permis une présentation d’ampleur de la BD francophone aux États-Unis.

 

Festival French Comics Framed : un projet de diplomatie culturelle

"Pendant plus d’un mois, la bande dessinée franco-belge a été à l’honneur à New York grâce à une action collective sans précédent : l’association des éditeurs Casterman, Dargaud, Delcourt, Dupuis, Futuropolis, Gallimard BD, Glénat, Le Lombard, Rue de Sèvres, Soleil et Steinkis pour un projet de diplomatie culturelle, initié par Philippe Ostermann (président de la French Comics Association) et réalisé grâce au soutien du CNL, du BIEF, du Syndicat national de l’édition et des services culturels de l’ambassade de France aux États-Unis. La présentation d’un stand à la New York Comic Con, d’une exposition à l’université The Cooper Union et l’invitation d’une quinzaine d’artistes ont été au cœur de ce dispositif ambitieux, mis en œuvre par l’agence Picture This!.

 

Par ailleurs, créateurs et professionnels du livre ont échangé sur leurs approches et expériences lors de huit tables rondes offrant des zooms sur les biographies en BD, le processus d’adaptation cinématographique... L’auteur américain Matt Madden a notamment mené deux d’entre elles, en apportant un nouvel éclairage sur les évolutions du genre, tandis que les éditeurs Françoise Mouly (Toon Books) et Mark Siegel (First Second Books) analysaient l’influence de la bande dessinée sur la littérature jeunesse. En mettant en perspective des artistes internationaux dénichés par les éditeurs franco-belges, tels Asaf Hanuka, Jean-Marc Rochette ou Pénélope Bagieu, ces rencontres ont permis à une quinzaine d’auteurs de présenter leur œuvre à un large public. Ils ont également participé à des séances de dédicaces pour les visiteurs de la New York Comic Con, où le lancement des versions américaines du Roman de Boddah par IDW et de Balles perdues par Titan a été très remarqué.

 

Un autre temps fort déterminant pour les échanges professionnels fut le vernissage de l’exposition à la Cooper Union qui a attiré plusieurs centaines de professionnels du livre et de l’image. En s’ouvrant vers la rue grâce à des visuels grand format, l’exposition montrait une grande diversité graphique, avec une double thématique : les innovations formelles en bande dessinée et les échanges culturels. Pour encourager les éditeurs anglo-saxons dans leurs efforts de traduction ont été privilégiées les œuvres déjà disponibles sur le marché américain. Le parcours favorisait également la promotion de nouveautés franco-belges, intégrées à la sélection pour leur originalité et/ou leur référence évidente à la culture américaine. Enfin, l’effet d’annonce de livres à paraître prochainement en traduction permettait de s’inscrire dans l’actualité éditoriale 2017 et 2018, en vue de faire tourner l’exposition en Amérique du Nord.

 

Ce festival est complété par la publication en ligne d’extraits inédits en anglais (sur le site frenchcomicsassociation.com), traduits grâce à l’aide du Centre national du livre. La variété des genres représentés renforce le message de diversité de la production franco-belge. Largement relayés auprès des professionnels, ces extraits pourront influencer de futurs achats de droits. En parallèle, la French Comics Association prépare déjà de nouvelles actions, principalement aux États-Unis."

 

Pour plus de détails sur le programme des journées :

http://frenchculture.org/books/news/french-comics-framed-festival

 

Colombine Depaire, coordinatrice de projets culturels

 

 

Questions à Philippe Ostermann, directeur général de Dargaud :

"Les éditeurs américains ont apprécié que nous soyons réellement à leur côté pour développer le marché."

 

BIEF : Vous êtes président de la French Comics Association, créée en janvier 2016. Pouvez-vous expliquer ce qu’est cette association et quels sont ses objectifs ?

 

Philippe Ostermann : La French Comics Association a pour objet de développer la bande dessinée franco-belge à l’étranger.

Elle est ouverte à tous les éditeurs qui souhaitent y adhérer et organise des événements, rencontres, expositions, notamment aux États-Unis. Elle est aussi le partenaire privilégié des éditeurs internationaux pour les aider à mieux diffuser les livres dont ils ont acquis les droits.

 

BIEF : Pourquoi l’association a-t-elle choisi de démarrer son calendrier d’actions par les États-Unis ?

 

Ph. O. : Pendant très longtemps, le marché aux USA n’était constitué que de super-héros et de strips d’humour. Le manga a acquis une part significative des ventes dans les années 90, comme partout dans le monde, puis l’essor des graphic novels a permis d’élargir le public et de gagner de nouveaux lieux de ventes hors des "comics shops".

Aujourd’hui, les éditeurs américains regardent attentivement la production franco-belge, et le nombre de traductions est en augmentation constante. Certaines bandes dessinées deviennent des best-sellers : c’est le cas de Persepolis bien sûr, mais aussi de Blacksad, du Photographe, des albums de Guy Delisle ou d’Anne Simon. Pour autant, un lecteur américain qui découvre ces livres ne sait pas qu’il en existe des centaines d’autres qu’il pourrait apprécier chez d’autres éditeurs, dans d’autres formats. Notre but est donc de rendre visible la spécificité de la bande dessinée et de créer du lien, de s’appuyer sur le succès de quelques livres pour pousser l’ensemble du marché.

 

BIEF : Vous étiez présent lors de cette première édition du festival French Comics Framed à New York. Quelles sont vos impressions sur les différents volets qui la constituaient ?
 

Ph. O. : Nous avions plusieurs cibles privilégiées, les éditeurs bien sûr, mais surtout les lecteurs finaux, les geeks passionnés de belles images et d’histoires haletantes et le grand public cultivé, plus séduit par des graphic novels.

 

Pour toucher journalistes et grand public cultivé, nous avons organisé une très belle exposition à la Cooper Union, célèbre école d’art de Manhattan idéalement située, ainsi que de nombreuses conférences dans des lieux prestigieux, tels que la Columbia University, la School of Visual Art ou encore le Museum of the City of New York. Chacune a réuni un grand nombre de personnes curieuses et enthousiastes, ainsi que des médias comme le New Yorker ou le New York Times.

 

Pour toucher les geeks et le grand public familial, nous avions un stand au Comic Con qui réunit chaque année plus de 150 000 visiteurs autour de l’univers des comics, du jeu vidéo, du cinéma et du livre. Avec la présence de quinze auteurs, venus entre autres dédicacer leurs ouvrages, et des conférences autour de la nouvelle vague française dans le domaine de la BD, nous avons eu une forte visibilité et touché des lecteurs qui ont été séduits par des bandes dessinées en dehors de leur univers habituel. Enfin, la présence remarquée de Luc Besson et du studio qu’il a créé, EuropaCorp, autour du film Valérian, tiré de la série BD culte, a été un plus indéniable pour faire découvrir l’influence majeure de la SF française sur tout l’univers hollywoodien des trente dernières années.

 

BIEF : Avez-vous eu l’occasion de vous entretenir avec vos confrères américains sur ce festival ? Qu’en ont-ils pensé ?

 

Ph. O. : Nous avons sensibilisé depuis très longtemps les éditeurs américains à la bande dessinée franco-belge. Ils sont avides de contact et de notre aide pour développer ce secteur : l’initiative que nous avons prise a donc été perçue extrêmement favorablement. Chaque éditeur américain a pu mettre en place des animations avec les auteurs que nous avions invités et nous proposions à la vente un panorama complet des livres de notre catalogue BD déjà traduits aux États-Unis sur notre stand.

De plus, les outils d’aides à la traduction mis en place par le CNL, ainsi que les rencontres professionnelles organisées par le BIEF depuis quelques années, sont des choses qu’ils attendaient depuis longtemps.

Enfin ils ont compris et apprécié que nous soyons réellement à leur côté pour développer le marché. Tous sont impatients de continuer l’an prochain pour amplifier les résultats.

 

- Propos recueillis par Catherine Fel



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