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Portrait et entretien de professionnel

Anne Risaliti, James Elliott et Chantal Janisson livrent leurs impressions sur les rencontres jeunesse à New York

juillet 2016


Questions à Anne Risaliti de retour des Rencontres franco-américaines d'éditeurs de jeunesse

 

BIEF : Avant cette rencontre, aviez-vous déjà des contacts avec les éditeurs américains, les avez-vous élargis ?

 

Anne Risaliti : Je rencontre en général deux ou trois éditeurs américains à Bologne, mais après envoi des ouvrages en PDF, cela reste le plus souvent sans suite. Là, j’ai rencontré cinq éditeurs qui m’étaient complètement inconnus.

Il y a quelques années, nous avons cédé un ouvrage d’Éric Battut à un éditeur américain, et ce fut une bonne coopération. L’ouvrage s’est très bien vendu aux États-Unis, générant ainsi des royalties importantes.

Mais lorsque nous avons voulu travailler à nouveau ensemble pour d’autres titres, il ne nous a pas été possible d’accepter les termes du contrat fourni par l’éditeur américain : le droit moral de notre auteur n’y était pas reconnu.

 

BIEF : Quels sont les titres ou collections que vous avez présentés et qui ont retenu leur attention ?

 

A. R. : Les éditeurs rencontrés sur place se sont intéressés aux ouvrages d’éveil et aux albums.

Par exemple, dans le secteur de l’éveil, la collection "Barri", qui comprend des ouvrages animés et avec puzzle, a beaucoup plu. En album c’est Ferme ton bec ! qui a retenu leur attention, car on se prend tout de suite d’amitié pour le petit poussin qui est si curieux de tout qu’il en est trop bavard à force de poser des questions. Par ailleurs, le roman Bluebird, dont l’histoire se situe en Louisiane puis à Chicago au temps de la ségrégation, a été repéré par l’éditeur de Roaring Brook Press.

De notre côté, nous achetons très peu de droits aux éditeurs américains, et quand nous le faisons, il s’agit d’albums.

 

BIEF : Qu’avez-vous retiré de ces rencontres ?

 

A. R. : J’ai vraiment été ravie de la qualité des rendez-vous : toujours joyeux, enthousiastes, ponctuels. Ce fut une très agréable surprise de constater que nos ouvrages peuvent plaire aux éditeurs américains.

Je pensais plutôt le contraire...

 

 

Questions à James Elliott (Gründ, 404 éditions) et Chantal Janisson (Gründ Jeunesse)
 

BIEF : Lors de ces rencontres avez-vous identifié ou rencontré de nouveaux éditeurs américains ?

 

James Elliott : Absolument. Ces rencontres m’ont permis de faire la connaissance de nouveaux éditeurs avec qui je n’étais pas en contact. Je travaille déjà bien avec les États-Unis depuis quelque temps, mais ces rencontres m’ont introduit à de nouveaux éditeurs.

 

Chantal Janisson : À la différence de James Elliott, l’objectif de ces rencontres pour moi était d’acheter des droits. Contrairement à une opération du même type organisée par le BIEF à Londres en novembre 2012, les vendeurs de droits américains n’étaient pas présents à New York, et ce sont donc, pour l’occasion, des responsables éditoriaux qui faisaient office de vendeurs. Les nouveaux éditeurs que j’ai rencontrés sont Skyhorse/Sky Pony Publishing, Phaidon, Roaring Brook Press, Scholastic USA, Abrams.

 

BIEF : Quels sont les secteurs qui intéressent les éditeurs américains ? Et dans votre catalogue ?

 

J. E. : Depuis le lancement de 404 éditions en janvier 2016, nous avons eu beaucoup d’intérêt de la part des éditeurs étrangers, et notamment des États-Unis. Ils sont particulièrement connaisseurs de l’univers geek mis en valeur dans nos différentes collections, ce qui a été confirmé par les rendez-vous à l’ambassade. Les éditeurs américains ont aussi manifesté de l’intérêt pour notre collection de livres sonores chez Gründ, qui rencontre actuellement un franc succès à la fois en France et à l’étranger.

Le domaine le plus difficile pour réaliser des cessions est celui des albums, car les illustrations ne correspondent pas toujours à leur marché.

 

BIEF : Qu’avez-vous retiré de ces journées ? De la visite de librairies ? Des rendez-vous avec les éditeurs ?

 

J. E. : De nouvelles rencontres, de nouveaux contacts, du temps pour échanger sur le marché et sur les tendances. La formule proposée était parfaite : visite de librairies et interventions croisées le jeudi, puis rendez-vous B to B le vendredi.

 

C. J. : Jusque-là, nous n’avons pas acheté de titres américains, mais ces rencontres pourraient en susciter car j’ai vu des titres intéressants pour notre marque 404 éditions.

Lors des interventions, nous avons pu prendre conscience des spécificités du marché américain et de la difficulté d’y entrer pour les éditeurs français. La présentation de l’imprint de Bayard aux États-Unis, Twirl, a été à cet égard très instructive.

Je connaissais la librairie Books of Wonder qui présente une très belle sélection de titres, très bien organisée pour orienter ses choix. Il était intéressant d’entendre quelles stratégies les libraires ont dû développer en tant que libraires indépendants pour résister aux mastodontes (Barne and Nobles, etc.). À notre demande, le libraire nous a expliqué le circuit du livre, l’importance de la "vie" de la librairie, des animations, des signatures, etc. Il a évoqué les succès du moment et les choix personnels des libraires. Concernant la place de l’édition française traduite, il constate que les petits éditeurs (tels Hélium ou MeMo) pénètrent mieux ce marché que les plus grandes maisons, les éditeurs américains achetant en France des titres très graphiques.

D’une manière générale, il est toujours intéressant de rencontrer en direct des interlocuteurs avec qui nous avons normalement des contacts via des agents en France.

 


Propos recueillis par Anne Riottot