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Compte rendu

17e Fiction/Non fiction à Moscou : le salon des éditeurs

décembre 2015

[25-29 novembre 2015]

La 17e édition de Fiction/Non-fiction Moscou reste fidèle à son idée de départ : offrir au public des ouvrages "pointus" de littérature et de sciences humaines. Depuis quelques années, la manifestation s’est ouverte à l’édition jeunesse, à l’édition de gastronomie et à la musique.


Malgré la forte crise qui touche le pays depuis l’an dernier et l’accélération de la concentration du secteur éditorial, entérinée il y a environ deux ans par la fusion d’AST et d’Eksmo, le paysage éditorial russe reprend progressivement vie et laisse même encore de la place à des jeunes maisons. Des salons comme celui de Fiction/Non-fiction, duquel on pourrait rapprocher ceux de Krasnoïarsk ou de Novossibirsk à une échelle plus régionale, sont des moments privilégiés pour les éditeurs de se présenter au public et aux acteurs du livre nationaux.

 

La 17e édition de Fiction/Non-fiction Moscou, qui se tenait du 25 au 29 novembre dernier, reste fidèle à son idée de départ : offrir au public des ouvrages "pointus" de littérature et de sciences humaines. Depuis quelques années, la manifestation s’est ouverte à l’édition jeunesse, à l’édition de gastronomie et à la musique (avec le Vinyl Club), faisant du salon un événement pour une fréquentation plus large, mais jamais mass market. En fait, ce sont les maisons d’édition qui sont mises en avant bien plus que leurs auteurs.

 

Du côté international, les pays étrangers présents étaient la France, la Norvège avec un stand piloté par NORLA, l’organisation d’aide à la traduction et à la promotion des auteurs norvégiens à l’étranger, l’Allemagne avec un stand de la Foire du livre de Francfort et quelques professionnels, la Suisse francophone qui participe au salon via l’ASDEL (Association suisse des diffuseurs, éditeurs et libraires) depuis l’invitation d’honneur de la Suisse en 2012, le Japon et la Pologne. Invitées d’honneur cette année, Les "Lettres hispanophones" se présentaient tour à tour par pays et par thématique.

 

Le stand conjoint BIEF - Institut français d’environ 45 m² y est tout à la fois une librairie pour le public (quelque 1 000 titres y sont disponibles et commercialisés par la librairie partenaire du BIEF BookBridge), une plateforme de promotion pour les activités de l’Institut français et un lieu de travail pour les professionnels français qui font le déplacement. Cette année, Agathe Bouzat pour les éditions Auzou, Annick Briard pour les éditions Pimchou, l’agente Anastasia Lester, Alexandre Lemasson pour les éditions du Seuil et Vincent Le Tacon pour Madrigall composaient la délégation française.

 

La participation française au salon s’accompagnait aussi de la présence d’auteurs : Thomas Piketty, invité par le Centre d’études franco-russe de Moscou, pour prononcer une conférence à l’occasion de la sortie en russe du Capital au XXIe siècle (Ad Marginem), Émile Bravo pour des master class et le lancement de sa BD Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill, tout juste parue aux éditions Boomkniga, et le duo Laurence Quentin - Catherine Reisser pour la traduction du Tour du Monde au Moyen-Âge parue chez Pechkom.

 

Le public russe n’a pas boudé son intérêt pour les ouvrages et les auteurs français, même si le prix des livres sur le stand français (17 euros en moyenne) est très supérieur au prix moyen du livre en Russie (4-5 euros).

Pour les échanges éditoriaux, "la frilosité du marché et la chute du rouble face à l’euro freinent ou empêchent des coopérations de plus grande envergure avec certains éditeurs au profil plutôt académique, donc sans moyens financiers. C’est dommage, car finalement ils suivent et s’intéressent à ce qu’on publie (surtout en sciences humaines, un peu moins en fiction)", déclare à l’issue de la manifestation Alexandre Lemasson, responsable des droits au Seuil. Dans le domaine de l’édition jeunesse, le contexte économique et politique a compliqué également les collaborations, et particulièrement les coéditions, déjà peu appréciées des éditeurs russes pour des raisons évidentes de coût, mais également de délais et de frais de douanes. Néanmoins, comme le résume Agathe Bouzat, responsable de droits chez Auzou : "De manière générale, c’est un marché qui souffre beaucoup en ce moment, mais a énormément de potentiel. Les tirages des éditeurs sont souvent élevés, et il me semble qu’il y a une très forte culture du livre, notamment en jeunesse."

 

Le monde de l’édition russe se relève progressivement du choc économique qu’a connu le pays l’an dernier. Malgré toutes les difficultés qu’il rencontre encore aujourd’hui, il poursuit son développement et ne se ferme pas à l’extérieur. "C’était un salon vraiment positif, qui m’a permis d’enrichir mes contacts, ce qui me manquait un peu avant le salon", conclut Agathe Bouzat. Tandis qu’Alexandre Lemasson résume : "Ce salon me semble important, voire indispensable, peut-être davantage encore pour les éditeurs de sciences humaines, car nombre d‘entre eux ne se rendent pas à Francfort."


Laurence Risson

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