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Littérature jeunesse : source d’inspiration pour le cinéma

décembre 2015

Lorsque l’on cherche à faire des films pour les enfants ou pour les familles, la littérature jeunesse ou jeune adulte, comme la BD destinée aux jeunes sont une source d’inspiration très prisée tant en France qu’à l’étranger.


Hollywood s’est emparé des livres à succès, à commencer par Harry Potter, personnage acheté par la Warner (qui en vend les licences pour les produits dérivés), puis À la croisée des mondes, Les chroniques de Narnia, Eragon, Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire, Les chroniques de Spiderwick… : le cinéma a su surfer sur la vague fantastique pour enfants et jeunes adultes en adaptant ces succès à tour de bras. La trilogie Hunger Games, passée presque inaperçue lors de sa sortie en librairie en 2010, a inspiré des longs métrages, un parc d’attractions et, bientôt, un spectacle à Broadway...

 

En Europe, et en France particulièrement, on a assisté à un même engouement : l’animation a puisé dans le réservoir de la littérature jeunesse et ses albums aux petits personnages récurrents pour en faire des héros de dessins animés pour la télévision ou le cinéma : T’choupi (Nathan), Petit Ours Brun (Bayard), SamSam (Bayard), Bali (Flammarion), les "Drôles de petites Bêtes", L’âne Trotro (Gallimard Jeunesse-Giboulées), Didou (Albin Michel), ou encore la série Ernest et Célestine (Casterman), qui a donné lieu à un long métrage franco-belge césarisé en 2013, adapté par Benjamin Renner, Stéphane Aubier et Vincent Patar (d’après un scénario de Daniel Pennac).

 

Les ré-adaptations des contes et récits sont légion, tant en animation qu’en prise de vue réelle, telles que Blanche Neige (Blanche Neige et le chasseur, Rupert Sanders, 2012), La Belle et la Bête (long métrage éponyme, Christophe Gans, 2014), Le Petit Chaperon rouge (Le Chaperon rouge, Catherine Hardwicke, 2011), Le Petit Poucet (long métrage éponyme, Olivier Dahan, 2001), La belle au bois dormant (Maléfique, Robert Stromberg, 2014) ou la toute dernière  version de Peter Pan (Pan, Joe Wright, 2015).

Très récemment, et avec force communication, a été remis au goût du jour Le Petit Prince de Saint Exupéry, par Marc Osborne.

 

Après des grands classiques tels qu’Astérix ou Lucky Lucke, Le Petit Nicolas, Profs ! ou L’élève Ducobu sont les nouvelles adaptations de bandes dessinées qui marchent. Lou ! de Julien Neel, qui raconte en 8 tomes la vie d’une adolescente de ses 11 à ses 18 ans, a donné lieu à une première adaptation en long métrage, réalisée par l’auteur de la BD lui-même (StudioCanal) et sortie au cinéma en octobre 2014.

 

Mais en dehors de la comédie, la BD est une source privilégiée pour tous ceux qui entendent flirter avec le fantastique et incarner à l’écran des univers dystopiques, ce genre catastrophe imaginant à quoi pourrait ressembler un monde particulièrement éprouvant pour les adolescents.

Actuellement, la bande dessinée coup de poing Seuls, écrite et illustrée par Fabien Vehlmann et Bruno Gazzoti (Dupuis), est en cours d’adaptation par David Moreau, le réalisateur de la comédie Vingt ans d’écart. Plutôt que de s’essayer au style "jeunesse", il s’agit là pour le réalisateur de revenir vers un univers fantastique et dystopique (il a auparavant co-réalisé Ils et The Eye).

 

Plus l’édition jeunesse se diversifie et se porte bien, plus elle inspire le cinéma et donne la tendance. Cette tendance déjà très identifiée depuis quelques années concerne donc la dystopie, ces contre-utopies qui passionnent les jeunes et qui certes ne sont pas récentes : elles étaient déjà dans Metropolis en 1927 ou dans 1984, adapté de Georges Orwell.

 

Les ventes de la trilogie dystopique Le Labyrinthe de James Dashner (Pocket Jeunesse) ont été multipliées par trente depuis la sortie au cinéma de l’adaptation du premier tome.

En 2015, le deuxième volet de la saga Divergente de Veronica Roth (Nathan) a été porté à l’écran. Les droits de La 5e Vague de Rick Yancey (Robert Laffont) ont été achetés par les producteurs de Hugo Cabret. Le succès de ces films a permis d’élargir le public des ados aux adultes.

 

En matière de romans jeunesse, il n’y a pas que les récits futuristes ou les nouveautés qui inspirent : le très célèbre roman de Lois Lowry Le Passeur (publié en 1993 à L’école des loisirs) a été adapté par Phillip Noyce en 2014.

Surfant sur le succès de l’adaptation au cinéma de Nos étoiles contraires, de l’Américain John Green, d’autres livres de l’auteur, La Face cachée de Margo et Qui es-tu Alaska ?, ont fait l’objet d’adaptations.

 

Dans ce contexte, le 31e  Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil (2-7 décembre 2015) proposait de nouvelles passerelles avec le cinéma :

Transbook - la littérature jeunesse européenne en mouvement et "les rendez-vous tremplins : directeurs artistiques / jeunes créateurs" ont donné l’opportunité à de jeunes talents (illustrateurs d’albums papier, dessinateurs de bandes dessinées, créateurs numériques, concepteurs de films d’animation) de présenter leur book directement à des producteurs de cinéma.

Le Marché international et interprofessionnel de la création pour enfants (MÏCE) permet la prospection de nouveaux marchés, la négociation et la vente des droits d’adaptation (en langue étrangère, pour le cinéma, sur support numérique…), la prise de contact avec d’éventuels partenaires, la découverte de nouveaux talents... Le MÏCE propose de réunir des professionnels européens de l’édition papier et numérique, du cinéma d’animation et des séries télévisées, du design textile, de la papeterie, des studios multimédia, des agences littéraires…

 

Comment aider à la promotion de ces secteurs éditoriaux français pour une éventuelle adaptation audiovisuelle ?

La littérature jeunesse n’est pas dans un ghetto, sa richesse inspire le cinéma et la télévision tant pour l’animation que la prise de vue réelle. Plus les textes seront traduits, plus ils seront accessibles sur les marchés internationaux pour inspirer des réalisateurs du monde entier.

 

Ainsi, dans le cadre des opérations Shoot the book!, coorganisées depuis deux ans par la SCELF et le BIEF, et qui mettent en présence des professionnels français du livre et des professionnels du cinéma, de plus en plus d’éditeurs proposent des ouvrages jeunesse.

 

À Toronto en septembre 2015, Frédérique Massart, responsable des cessions de droits audiovisuels chez Gallimard, pitchait ainsi devant un public de professionnels nord-américains Tobie Lolness, l'histoire d'un ado d'un millimètre et demi dans un arbre-univers. Un immense succès de librairie, traduit en 28 langues et qui, espérons-le, sera bientôt un film !

 

Le BIEF éditera à nouveau en 2016 des catalogues des titres sélectionnés, pour accompagner Shoot the Book! à Cannes et au Festival de Toronto (TIFF). À l’occasion du MIFA, marché international consacré au film d’animation qui se déroule à Annecy, le BIEF publiera un catalogue en anglais et un en français pour toucher les producteurs francophones. Ils seront diffusés en version numérique par les organisateurs de ce festival.


Isabelle Fauvel, Initiative Film

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