Articles

Imprimer Partager sur Facebook Partager sur Twitter Partager sur LinkedIn

Compte rendu

Le programme Goldschmidt à Francfort : auteur et traducteur côte à côte

décembre 2014

Depuis de nombreuses années, la chaîne culturelle franco-allemande Arte s’est associée à ce programme, en accueillant les participants sur son stand à Francfort pour une lecture croisée franco-allemande.

Une nouvelle fois, la Foire du livre de Francfort fut un rendez-vous incontournable pour les jeunes traducteurs allemands, français et suisses ayant participé au programme Georges-Arthur Goldschmidt. Depuis de nombreuses années, la chaîne culturelle franco-allemande Arte s’est associée à ce programme, en accueillant les participants sur son stand à Francfort pour une lecture croisée franco-allemande le samedi après-midi.

 

Au programme cette année, le roman Meier mit Y, paru aux éditions Berlin Verlag en 2008, lu par l’auteur allemande Patricia Görg et "son" traducteur Paul Ramon, participant au programme en 2014. Traduit en partie pendant le programme, ce texte a de fortes chances de trouver un éditeur français, car il met en scène un sujet universel : l’avarice. En effet, c’est l’histoire de monsieur Meier, que son anxiété maladive pousse à vivre avec le strict minimum, et que le lecteur suit mois après mois en rencontrant quelques surprises. Car Meier, dont le nom, comme l’indique le titre du roman, s’écrit avec un y et non pas avec un i, est justement sauvé par cette lettre Y qui mène parfois sa petite vie propre à elle, bien plus gaie, folle et poétique que celle de Meier. Un livre drôle et grotesque, non sans proposer une réflexion sur la vie et nos obsessions.


Un livre déroutant parfois aussi pour son traducteur, à qui nous avons posé quelques questions.


BIEF : Qu’est-ce qui vous a donné envie de traduire ce roman ?

 

Paul Ramon : Meier mit Y m’a été conseillé par Frank Heibert, qui a animé l’atelier de traduction vers l’allemand à Berlin, après lui avoir parlé de mes goûts en littérature. J’ai donc choisi ce texte pour son aspect très littéraire – j’aimais le travail sur la forme, l’écriture –, l’humour toujours sous-jacent, le personnage de Meier à la fois détestable et émouvant, ou triste. Le ton est parfois poétique, parfois pince-sans-rire, parfois minutieux.


BIEF : Quelles ont été les principales difficultés pendant la traduction ?


P. R. : La langue elle-même. Patricia Görg utilise une langue très imagée, recourant parfois à un système d’analogies et de correspondances qui ne sont pas évidentes à la première lecture.
Il y a ainsi un passage sur le Loto, dans lequel l’auteur explique que Meyer croit connaître la technique pour trouver les numéros gagnants. En fait, il utilise un mélange farfelu et incohérent de mathématiques, de superstition, d’intuition. Il faut donc comprendre la logique de Meyer pour pouvoir la traduire ! Patricia Görg utilise énormément de vocabulaire technique et de références, j’ai passé beaucoup de temps sur Internet, sur Wikipédia et sur le site du Lotto allemand et celui du Loto français.


BIEF : Pendant le programme, vous avez traduit ce texte en tandem, c’est-à-dire avec un participant allemand à vos côtés. En quoi est-ce que cela vous a aidé pour cette traduction ?


P. R. : Le travail en tandem a été déterminant pour comprendre les nuances de langue, surtout que Patricia Görg mélange beaucoup les registres et les niveaux de langue. Commencer par travailler avec une traductrice allemande a été d’une grande aide pour comprendre la façon d’écrire de l’auteur. Cela m’a facilité la tâche quand j’ai dû continuer à le traduire seul une fois le programme terminé.


BIEF : Et cette lecture sur le stand, que vous a-t-elle apporté  ?

 

P. R. : Lire sa traduction à haute voix est un très bon exercice et une bonne manière de voir si son texte soutient cette épreuve. C’est de cette façon que l’on remarque parfois qu’une phrase, bien que correcte grammaticalement, ne fonctionne pas. Cette lecture m’a donc permis d’apprécier et de juger ma traduction dans un contexte inhabituel ; et bien sûr de la soumettre à l’appréciation du public. Une très bonne chose ! 


Propos recueillis par Katja Petrovic