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Compte rendu

15e Non-Fiction de Moscou cultive sa singularité

janvier 2014

[27 novembre - 1er décembre 2013]
Non-Fiction, qui en était à sa 15e édition cette année, est le plus jeune des trois salons du livre de Moscou, créé après la Foire internationale du livre de Moscou (en 1977) et Books of Russia Exhibition Fair (en 1997). Elle n’en est pas moins l’une des principales manifestations littéraires du monde éditorial russe.

Le paysage éditorial russe est fortement concentré. Les dix plus grandes maisons d’édition publient près de 50% des titres édités. Dernièrement, les deux leaders de l’édition locale, Eksmo et AST, ont fusionné, créant ainsi un véritable géant et bien des interrogations parmi les professionnels du livre.

Non-Fiction, qui en était à sa 15e édition cette année, est le plus jeune des trois salons du livre de Moscou, créé après la Foire internationale du livre de Moscou (en septembre 1977) et Books of Russia Exhibition Fair (en 1997). Elle n’en est pas moins l’une des principales manifestations littéraires du monde éditorial.

 

Réparti sur deux étages, avec au premier l’édition jeunesse, le salon accueillait cette année environ 300 exposants. Avec la Suisse comme pays invité d’honneur, trois langues européennes étaient d’une certaine façon mises en avant. Dans la lignée de ce focus, le stand du BIEF était positionné entre le stand de la Foire du livre de Francfort et celui de l’Institut culturel italien. Si le Japon, tout comme les États-Unis, étaient également représentés par leurs instituts culturels, la participation de la Norvège, de la Pologne et des Pays-Bas était orchestrée par les organismes professionnels respectifs de promotion de leur littérature.

 

Fidèle à son organisation, le stand français était tout à la fois un lieu de travail pour les professionnels français qui avaient fait le déplacement - James Elliott de Glénat, Florence Giry de Flammarion -, les agentes Anastasia Lester et Tatiana Vianat qui représentaient les éditions Gallimard Jeunesse, et une plateforme de promotion pour l’Institut français.

 

Le public russe n’a pas boudé son intérêt pour la langue et la culture françaises. Ce sont les ouvrages jeunesse qui ont remporté le plus de succès parmi la sélection de 1 000 titres présentée sur le stand, suivis de la littérature pour ce qui est des ventes. Les beaux-livres, beaucoup feuilletés, n’ont pas souvent trouvé acquéreur en regard de leur prix, identique à celui d’un livre du même domaine en Russie, mais ne correspondant aux moyens financiers que d’une frange étroite du lectorat.

 

Le partenaire libraire pour cette édition du salon, Stylo, est une toute nouvelle structure. Cette future librairie française qui va ouvrir ses portes début 2014, dans les locaux de l’Institut français, projette déjà de se dédoubler au cours de l’année avec un local en centre-ville. Elle proposera un coin café et une mise en valeur de la production d’art de vivre et de gastronomie française, dont les ouvrages sont recherchés par les éditeurs russes pour en acquérir les droits.

 

Tendance moins évidente, il se pourrait que la non-fiction soit le segment éditorial qui ait entraîné les principaux changements dans les demandes ces dernières années, avec un intérêt croissant des lecteurs pour les mémoires, les biographies, les sciences, la politique. C’est en tout cas ce que déclare Varya Gornostaeva, éditeur en chef de Corpus, une marque d’AST, à Publishers Weekly : "Quand Corpus a été créé en 2009, le rapport entre fiction et non-fiction était de 7 pour 3. (…) D’une certaine façon, la crise financière a poussé les lecteurs à être bien plus sélectifs, ce qui a entraîné une forte demande pour les ouvrages au contenu sérieux."

 

Les organisateurs de Non-Fiction s’inscrivent parfaitement dans cette veine, souhaitant dès sa création en 1998 mettre en avant des ouvrages rigoureux et de haute qualité à une époque où les ouvrages grand-public connaissaient un fort succès.

 

Laurence Risson

 

 

Questions à :

 

James Elliott, responsable des droits étrangers pour la jeunesse et beaux-livres et livres pratiques chez Glénat

 

BIEF : Pour une première participation à ce salon, qu’en avez-vous pensé ?

James Elliott : Plutôt habitué aux grandes foires de droits, je n’ai pu qu’apprécier la qualité des échanges lors d’un salon à plus petite échelle. Les discussions durent plus longtemps et sont plus détendues ; elles permettent de vraiment comprendre ce que recherchent les éditeurs étrangers. Pour nous, la Russie est importante parce qu’il y a une forte augmentation des cessions depuis deux ans, en jeunesse et en beaux-livres. Mon déplacement m’a permis de faire un point après Francfort avec les éditeurs déjà partenaires et d’en rencontrer d’autres, plus petits, qui ne viennent pas à Francfort, et à qui j’ai pu présenter nos catalogues.

 

BIEF : Vous travaillez sur l’illustré, dans le domaine du beau-livre comme dans celui de la jeunesse. Qu’en est-il des cessions et des coéditions avec vos partenaires russes ?

J.E. : Les Russes procèdent peu à des coéditions. Je ne sais pas encore si c’est parce que cela leur revient plus cher ou leur complique trop la tâche (au niveau des délais, notamment). Nous procédons plus à des cessions et essayons, dans la mesure du possible et, pour certains titres à fort potentiel international, d’imposer la coédition. Ainsi, par exemple, pour un livre de photos sur Brigitte Bardot que nous venons de publier et qui a intéressé de nombreux éditeurs, dont les deux ou trois principaux du pays. Dans ces cas-là, les éditeurs russes acceptent de "jouer le jeu". Pour la jeunesse, la question se pose peu car nos livres ne sont pas conçus pour la coédition.

 

 

Alexey Gordin, éditions Lenizdat (Saint-Pétersbourg)

Lenizdat est l’une des plus anciennes maisons d’édition en Russie et l’une des plus importantes de l’époque soviétique. Elle appartient maintenant au groupe A-Class.

 

BIEF : Quel est l’intérêt pour un éditeur de Saint-Pétersbourg de participer à un salon du livre à Moscou ?

Alexey Gordin : Le salon Non/Fiction à Moscou est destiné aux intellectuels, avec des visiteurs pointus et des exposants en conséquence. Il nous permet de présenter notre actualité à un public différent des deux autres salons moscovites, la Foire internationale du livre de septembre et Books of Russia Exhibition Fair en mars, mais plus ciblé et qui correspond mieux à notre lectorat. De plus, le salon est en centre-ville, facile d’accès, et réunit des gens qui ont beaucoup de choses à échanger.

 

BIEF : Est-ce que cette foire est aussi l’occasion de nouer des contacts avec les éditeurs étrangers ?

A.G. : Tous les salons le sont, mais il est vrai que ça n’est pas sa qualité première. Pour ce qui est de nos échanges avec l’étranger, nous nous déplaçons à Londres, Bologne et Francfort. Sur mes deux jours au salon, j’aurai eu trois rendez-vous professionnels par jour, parmi lesquels j’aurai rencontré des représentants néerlandais, allemands et français. C’est un salon important, vraiment, mais pas particulièrement pour les échanges professionnels.

 

Propos recueillis par Laurence Risson



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