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Compte rendu

La 27e Foire de Guadalajara a conquis les éditeurs français

décembre 2013

[29 novembre - 7 décembre 2013]
Le BIEF, qui participe à la foire mexicaine depuis plus d’une vingtaine d’années, peut constater l’engouement de plus en plus grand des professionnels français pour une foire qui devient emblématique : de l’affluence du public, de la célébration des auteurs et des échanges entre l’Europe et l’Amérique latine.
Une 27e édition en grande forme…

Quel que soit le pays Invité d’honneur, les organisateurs de la Foire internationale du livre de Guadalajara savent faire de cet événement un rendez-vous unique au monde, et toujours plus important et innovant d’une année à l’autre. L’inauguration de ce salon s’est déroulée en présence des présidents mexicain, Enrique Peña Nieto, et israélien, Shimon Perez, dont le pays était l’hôte d’honneur cette année.

Répondant aux attentes exprimées ces deux dernières années par les professionnels du livre, les organisateurs de ce salon ont créé un espace dédié au numérique, sur lequel le public disposait par ailleurs d’une zone interactive multimédia.

 

Dès le premier jour, le stand France, où près de 1 200 titres de 75 maisons d’édition étaient exposés, fut assailli par le public et très fréquenté par tous les professionnels, essentiellement mexicains, mais venant également des États-Unis d'Amérique et d’Amérique latine. La Librairie française partenaire du BIEF, dirigée par Julieta Salgado, a enregistré de nombreuses ventes. "Heureusement, j’ai préparé très sérieusement cette foire et j’ai commandé en conséquence de nombreux livres (près de 1 500 titres, pour certains en plusieurs exemplaires) susceptibles d’intéresser le public mexicain."

 

Les professionnels de l'édition française se sont déclarés plus que satisfaits

Salvador Garzon (Garzon Diffusion internationale), le seul professionnel à se déplacer pour la partie export, a rencontré un grand nombre de libraires venus de tout le continent latino-américain : "Pour moi, cette foire est vraiment incontournable, pas seulement pour rencontrer les clients avec lesquels je travaille régulièrement, mais aussi pour en prospecter de nouveaux. Ce qui se vend le mieux sur ce continent, ce sont les sciences humaines et la littérature française au format poche, puis viennent les beaux livres et les livres d’art - tout particulièrement ceux concernant l’art en Amérique latine - et les livres de jeunesse. Chaque année, je remarque que je suis la seule personne chargée de l’export du livre français à faire le déplacement à cette foire, et c’est bien dommage."

 

Concernant les droits étrangers, Ximena Renjifo, agent littéraire qui représente plusieurs maisons d’édition françaises,  confirme que cette foire est vraiment importante pour le développement des échanges de droits. Nolwenn Lebret (Gallimard Jeunesse) précise que venir à la Foire du livre de Guadalajara a vraiment du sens. "Je rencontre toutes les maisons d’édition mexicaines qui n’ont pas la possibilité de se déplacer aux foires du livre de Francfort ou Bologne. Ces maisons, généralement de petite taille, ont des catalogues de qualité. Elles sont curieuses et vivement intéressées par une collaboration avec des maisons d’édition étrangères", constat partagé par Mathilde Jablonski pour Hachette Jeunesse. Aurélia Hardy (Auzou) a fait le voyage pour deux rendez-vous vraiment importants. Quant à Anne-Solange Noble (Gallimard), elle a enchaîné les rendez-vous et participé à une conférence sur le numérique, qui fut appréciée par l’ensemble des participants (voir entretien ci-dessous).

 

Les Mexicains aficionados d’Yves Bonnefoy

Un des temps forts de la programmation de cette foire fut la remise du prix de la FIL, récompensant un auteur de langue romane pour son œuvre, au poète Yves Bonnefoy. C’est la première fois, depuis sa création, qu’un Français reçoit ce prix. Lors de l'annonce de l'attribution de son prix en septembre, la FIL avait souligné qu’Yves Bonnefoy, membre du Collège de France, était "considéré comme l'un des poètes les plus importants de la seconde moitié du 20e siècle".

 

En 2014, c’est  l’Argentine qui sera mise à l’honneur par la 28e Foire internationale du livre de Guadalajara, qui se déroulera du 29 novembre au 7 décembre.

 

 

Question à Anne-Solange Noble, directrice des cessions de droits étrangers chez Gallimard

 

BIEF : Ce n’est pas la première fois que vous venez à la Foire internationale du livre de Guadalajara, qu’en pensez-vous et quelle importance revêt-elle dans votre activité de cession des droits de traduction en langue espagnole des auteurs de Gallimard ?

 

Anne-Solange Noble : Cette foire se révèle, chaque fois plus, le rendez-vous incontournable du monde hispanique et le rassemblement le plus important de ses représentants et acteurs de la chaîne du livre - éditeurs, libraires et exportateurs. Mexicains, Espagnols, Argentins, Colombiens, Chiliens continuent de se retrouver tous les ans, début décembre, sur les stands des grands groupes de langue espagnole tels que Penguin-Random House, Planeta, Santillana, Anaya, Oceano, Fondo de Cultura Económica, Siglo XXI. Mais aussi sur ceux d'éditeurs littéraires indépendants, tels que les maisons mexicaines Sexto Piso, dirigée par les dynamiques frères Rabasa, ou encore la maison Era, dont le directeur Marcelo Uribe a reçu l'hommage de ses pairs au cours de la remise du prix de distinction éditoriale qu'accorde tous les ans la FIL.

 

Étant par ailleurs une foire qui mêle professionnels et grand public, cela m’a intéressée de constater que ce dernier accourt toujours aussi fidèlement à cette manifestation exceptionnelle, qui lui permet de rencontrer les nombreux auteurs présents et d'acquérir sur place les livres qu'il ne trouve pas forcément dans cette ville, pourtant la deuxième du pays, où les librairies de qualité ne sont pas légion… à l'aune du pays et même du continent. Pourtant, c'est bien en Amérique latine - plus qu'en Espagne, à l'économie sinistrée - que les grands groupes basés à Barcelone font actuellement l'essentiel de leur chiffre d’affaires ; d'où le nombre important d'éditeurs espagnols bien connus de leurs confrères français qui arpentaient les allées de foire… ou le lobby du Hilton en face, où ils se retrouvent tous (et où je me rendais moi aussi) en fin de journée.

 

Je trouve par ailleurs que la "zone internationale" est bien organisée autour des stands collectifs français (BIEF), allemand, britannique, brésilien, argentin, québécois, entre autres, non loin du "Rights Center" et d’une salle de conférence pour les rencontres professionnelles. Cette année, celles-ci ont porté sur la question de l'édition numérique et ses perspectives d'avenir, sujet encore balbutiant mais manifestement de plus en plus à l'ordre du jour (la FIL m’avait d’ailleurs invitée à intervenir dans l’une de ces rencontres). J’ai également pu retrouver la dizaine d’éditeurs européens qui participaient, sous la houlette de Rubén Padilla, au petit programme de "fellowship" éditorial, comme il s'en développe un peu partout à la suite du "fellowship" initial de référence, créé en 1985 par le Salon de Jérusalem et dont j’ai parlé dans un numéro de La lettre d’info du BIEF consacrée à Israël.

 

C’était justement Israël le pays Invité d'honneur de la FIL cette année. Un certain nombre d’écrivains très intéressants étaient présents, dont David Grossman qui a battu des records de popularité. Mais - fierté française - c'est notre poète Yves Bonnefoy du Collège de France, récipiendaire du prestigieux prix littéraire de la FIL 2013, qui a provoqué un intérêt particulièrement enthousiaste chez tous, jeunes et moins jeunes, dès son discours lumineux et inspirant le jour de l'inauguration, puis tout au long de ses autres interventions et rencontres où, généreux et infatigable en dépit de ses 90 ans, il n'a cessé de susciter une admiration émue et unanime. Un recueil de ses poésies du Mercure de France, son principal éditeur, était très présent en espagnol sur le stand d'Era ; comme l'était également, sur le stand de Sexto Piso, l'édition mexicaine tout juste sortie de l'imprimerie de L'Arrière-pays, dont j’avais récemment négocié les droits.

 

Bref, un voyage informatif et fructueux !


Christine Karavias

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