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Compte rendu

La 23e Foire internationale du livre d’Abu Dhabi élargit son horizon

juillet 2013

[24-29 avril 2013]
Dans un pays et une région où l’éducation est un des principaux enjeux, le Salon du livre d'Abu Dhabi s'affirme comme une plaque tournante du marché du livre et un lieu de référence des vendeurs, éditeurs et distributeurs dans la région du golfe Arabo-Persique. Il est l’événement idéal pour approcher des spécialistes et des acteurs clés de ce marché.

La stabilité politique, les ambitions de développement et de professionnalisme et les moyens financiers qu’ils mettent à disposition pour leurs projets sont les clés de la réussite des Émirats arabes unis. La 23e édition de la Foire du livre d’Abu Dhabi sous sa forme internationale en a fait la preuve : un hall supplémentaire par rapport aux années précédentes (soit 15% d’espace en plus) et des exposants bien décidés à développer leurs ventes mais également à élargir leur cercle de partenaires.

 

Malgré et tout à la fois à cause du contexte tumultueux dans lequel se trouvent actuellement le Maghreb et le Moyen-Orient, les professionnels de l’édition arabe identifient ce salon comme un rendez-vous important, où ils peuvent vendre des livres, faire la promotion de leurs auteurs et acheter des droits. Les organisateurs ont des méthodes incitatives qui vont jusqu’à accorder la gratuité à certains exposants (cette année, les Syriens ont bénéficié de la gratuité de leur stand, de même que l’Association des éditeurs kazakhs et quelques éditeurs européens) ; et la volonté de KITAB (organisateurs du salon) de faire se rencontrer l’édition arabophone avec le reste du monde est un réel atout pour la manifestation. Au total, 1 025 exposants représentaient une cinquantaine de pays.

 

Placé entre le pavillon allemand et celui des invités d’honneur, les pays du Golfe, le Pavillon français, issu de l’association entre le BIEF, la librairie française Culture & Co et l’Institut français des Émirats arabes unis, proposait une sélection généraliste de plus de 1 500 titres. Au programme des animations, diverses séances de signatures et une conférence à laquelle participait Patrice Hoffmann, directeur éditorial pour la fiction française et étrangère chez Flammarion, autour de l’impact des prix littéraires. Pour une prospection et un développement de ses échanges avec la langue arabe, Marie Dessaix, directrice des droits étrangers aux éditions Nathan, avait cette année fait le déplacement.

 

Venus dédicacer leurs livres, Kénizé Mourad, Jérôme Ferrari, Guy Delisle, Jacques Ferrandez et Rachid Boudjedra ont rencontré leurs lecteurs francophones venus d’Abu Dhabi et des émirats environnants. L’hommage qui était rendu à Albert Camus pour le centenaire de sa naissance n’est pas non plus passé inaperçu. La vente de ses livres sur le stand, comme la présence des auditeurs à la conférence qui lui était dédiée le dernier jour du salon ont montré combien l’homme et ses écrits continuent d’intéresser. La presse, qu’elle soit anglophone ou arabophone, n’a pas manqué de rebondir sur ces événements.

 

Les ventes de l’édition 2013 du salon ont été à peu près similaires à celles de l’an dernier. Toujours attirés par le modernisme et l’esthétique des livres de jeunesse français, les acheteurs se sont aussi fortement intéressés à la sélection de littérature et de beaux-livres. Certains universitaires ont pu découvrir le rayon d’ouvrages de droit.

 

Outre la France, d’autres pays étaient présents de façon collective ou individuelle : l’Allemagne, bien sûr, mais également la Suisse, la Turquie et l’Algérie, pour les principaux stands collectifs, et de nombreux éditeurs indiens présentaient leurs publications. Parmi les exposants arabophones, l’Égypte était très fortement représentée cette année.

 

 

Un salon pour les professionnels : mode d’emploi

S’il est possible d’identifier les éditeurs en amont du salon, via notamment le catalogue en ligne, les prises de rendez-vous en préparation de la manifestation sont en général plus décevantes. Arpenter les allées et rencontrer les professionnels avant de convenir d’un rendez-vous est la méthode la plus usitée et probablement la plus efficace.

L’aspect professionnel du Salon d’Abu Dhabi, qui s’est renforcé au fil des éditions, se traduit par la mise en place d’espaces tel que le centre des droits, où se retrouvent nombre de professionnels de l’édition et se signent les lettres d’intentions du programme "Spotlight on Rights", initié en 2009 et portant sur les protocoles de subventions à la traduction de textes de ou vers la langue arabe, ainsi que des conventions de financement de droits entre éditeurs du monde arabe de nationalités différentes.

 

Nouveauté 2013, une sélection de titres arabophones libres de droits, dont les notices étaient disponibles en anglais, permettait aux professionnels qui ne lisent pas l’arabe une première approche de leurs homologues et de certains de leur titres.

 

L’un des clous de la manifestation, mais aussi un moyen de découvrir des acteurs du monde de l’édition arabophone, est la remise de prix littéraires dotés de montants financiers importants. Très convoité, l’International Prize for Arabic Fiction, décerné la veille de l’ouverture, a récompensé cette année un auteur koweïtien, Saud Alsanousi, édité aux éditions libanaises Arab Scientific Publisher.

Quant au prestigieux prix du livre Sheikh Zayed, qui concerne pas moins de neuf catégories, il s’apparente presque à une remise de médailles, valorisant également l’innovation des professionnels du livre dans le domaine des nouvelles technologies et de la promotion de la culture arabe.

 

Enfin, un programme pour les professionnels de l’édition, composé d’une trentaine de conférences, abordait cette année principalement les thèmes du livre éducatif et pour la jeunesse et des nouvelles technologies. Afin de les aider à identifier les maisons d’édition les plus dynamiques, KITAB proposait aux professionnels étrangers au monde arabe une visite accompagnée du salon.

 

Les efforts des organisateurs pour proposer un programme professionnel permettent non seulement d’évaluer les problématiques, les opportunités et les difficultés du marché du livre local, mais également de découvrir des interlocuteurs dynamiques de l’édition du monde arabe.

 

Dans un pays et une région où l’éducation est un des principaux enjeux, la manifestation est d’importance. Au fil des années et des événements politico-sociaux, elle s’est affirmée comme une plaque tournante du marché du livre et un lieu de référence des vendeurs, éditeurs et distributeurs dans la région du golfe Arabo-Persique. Il est l’événement idéal pour approcher des spécialistes et des acteurs clés de ce marché.


Laurence Risson

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