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Le marché du livre en Islande

avril 2011

Le marché du livre en Islande est l’un des plus restreints au monde, avec une population de seulement 330 000 habitants. Au XXIe siècle, la production annuelle s’élève à 1 550 ouvrages pour 2,5 millions d’exemplaires vendus, ce qui fait de l’Islande l’un des marchés les plus puissants par habitant.
« L’un des marchés les plus restreints au monde, mais l’un des plus puissants par tête ».
 
Le premier ouvrage en islandais à être publié en nombre est une traduction du Nouveau Testament qui est arrivé sur le marché en 1540. Puis, pendant plus de deux siècles, l’église luthérienne a eu le monopole pour la publication et l’impression des livres en Islande.
Les autorités coloniales danoises ont donné l’autorisation de publier au milieu du XIXe siècle ; et, peu à peu, un monde de l’édition fit son apparition avec la diffusion d’opinions religieuses et politiques, ainsi que la publication de textes jadis connus sous leur seule forme d’enluminures coloriées.
 
L’association des éditeurs islandais a été fondée en 1889, notamment pour fixer les nouvelles pratiques pour la diffusion des ouvrages. Dans la première moitié du XXe siècle, la plupart des maisons d’édition se situaient au centre de la capitale et le travail des auteurs et poètes était largement fait sous l’impulsion des éditeurs. Certains écrivains, comme par exemple le prix Nobel Halldór Laxness, ont préféré écrire en islandais plutôt que de chercher à briller au Danemark en écrivant en danois, comme il est arrivé à plusieurs écrivains au tournant du XIXe siècle.
 
La Seconde Guerre mondiale transforma le monde des éditeurs à Reykjavik, avec l’arrivée des forces alliées, d’abord britanniques et canadiennes, ensuite américaines, doublant le nombre d’habitants et réglant leurs dépenses en devises étrangères. Avec un pouvoir d’achat élevé et une pénurie de produits, le marché du livre explosa et, en l’espace de cinq ans, l’Islande publia plus de livres que pendant les quatre derniers siècles, jetant les bases de ce qu’est aujourd’hui le marché du livre en Islande. En 1950, le secteur de l’édition et de la diffusion du livre employa 4,5% de la population active à Reykjavik.
 
Le marché du livre en Islande est l’un des plus restreints au monde, avec une population de seulement 330 000 habitants. Une forte culture livresque et un passé de tradition orale et poétique ont fait qu’actuellement 30 maisons d’édition prospèrent en Islande, la plupart à Reykjavik. Au XXIe siècle, la production annuelle s’élève à 1 550 ouvrages pour 2,5 millions d’exemplaires vendus, ce qui fait de l’Islande l’un des marchés les plus puissants par tête. L’analphabétisme est pour ainsi dire inconnu ; et les autorités gouvernementales et municipales apportent leur aide aux infrastructures du livre et de la lecture, comme les bibliothèques, des programmes et campagnes pour l’encouragement de la lecture. Les subventions officielles directes sont modestes, mais il existe un éventail de bourses destinées aux écrivains. Les taxes sur le livre sont au niveau européen, 7%, et il existe une volonté politique pour exonérer d’impôts les livres, revues et journaux. Les éditeurs comme les écrivains ont constaté le recul du nombre de jeunes lecteurs, notamment garçons. Le ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Science prend ce problème très au sérieux et a saisi les écoles à ce sujet.
 
L’édition électronique en est à ses débuts en Islande et un marché commercial pour le livre électronique n’en est qu’à ses balbutiements. Les rares produits sous cette forme sont surtout des livres de référence et des dictionnaires. Des solutions pour la forme électronique dans le secteur pédagogique doivent être trouvées et, sous la pression des détenteurs de droits, il faut développer les débouchés commerciaux pour les textes électroniques, afin de contrer le piratage.
 
Au Moyen Âge, l’exportation de livres et textes islandais vers la Norvège et autres pays de langue norse était florissante, mais s’arrêta lorsque la langue norse fut scindée en islandais et norvégien, feroéen et autres dialectes. L’exception fut l’œuvre de Halldór Laxness. Depuis la fin des années 1980, les traductions dans plus de 30 langues de romans islandais et leur réception dans les pays nordiques et en Europe n’a pas cessé de croître. Aujourd’hui, à Reykjavik, écrivains comme éditeurs sont solidement liés au réseau international de l’édition.
 

Chiffres clés*
 
Sources :
« Nordic Book Statistics Report 2009 », produit en collaboration par les associations des éditeurs dans les pays nordiques
Site de la Foire de Francfort, dossier de presse sur l’Islande, invitée d’honneur en 2011 : Fabulous Iceland
Site internet de Statistics Iceland
Statistiques internat­­ionales SNE/BIEF
Fiche établie par Linda Toivio 
 
  • Superficie : 103 000 km²
  • Population en 2010 : 0,318 million
  • Capitale : Reykjavik
  • Langue officielle : islandais
  • PIB/habitant : 27 910 €
  • Chiffre d’affaires total de l’édition (HT) : 32 millions €
  • Nombre de maisons d’édition : 170
    • dont membres de l’association des éditeurs : 42
  • Nombre de titres publiés en 2009 : 1 674
    • dont nouveautés : nc ; Prix fixe : livres imprimés, non ; livres numériques, non
  • TVA sur le livre en 2010 : imprimé 7 % et numérique 25,5%
  • Salon du livre : Festival littéraire international de Reykjavik, tous les deux ans en septembre
  • Nombre de librairies en 2005 : 70
  • Répartition des ventes par secteur (chiffres fournis par les éditeurs membres de l’Association des éditeurs islandais) :
    • Philosophie, psychologie : 1,6%
    • Religion : 2,2%
    • Sciences sociales : 18,7%
    • Linguistique, philologie : 3,7%
    • Sciences naturelles, mathématiques : 7,5%
    • Technologie, santé : 9,8%
    • Arts, hobbys, sports : 10,4%
    • Géographie, histoire : 12,6%
    • Fiction : 32,8%
    • Autres : 0,9%
  • Répartition des ventes par canal de distribution 2005 (chiffres fournis par les éditeurs membres de l’Association des éditeurs islandais) :
    • Librairies : 42%
    • Grands magasins, kiosques : 18%
    • Clubs de livres : 0%
    • Ventes directes (Internet, etc.) : 18%
    • Autres points de vente : 20%
  • Droits cédés du français vers l’islandais en 2009 : 3

*Toutes les données recensent l’année 2009, sauf si précisé autrement.


Kristján B. Jónsson, président de l’association des éditeurs d’Islande, traduit et adapté par Jeanne Heisbourg