Pauvres Doinel ! Ils s'aiment, mais n'ont pas le temps de se
le dire. Ils ont chacun leurs angoisses, leurs soucis mais les
gardent pour eux.
Marc Doinel, le père aux allures de cow-boy, n'a toujours
pas parlé du rachat de sa boîte par des Hollandais
décidés à restructurer au lance-flammes. Nadine, la mère
débordée, n'évoque jamais la lassitude qui l'accable devant
les «fiches de suivi d'acquisition des compétences» de ses
élèves de maternelle. Charlie, la fille aînée, se demande
bien pourquoi elle est amoureuse de Kikichi, un héros de
manga bisexuel, plutôt que d'un garçon de sa classe. Et
pourquoi se sent-elle si transparente au collège ? Le petit
Esteban, lui, ne se plaint jamais, au point de se laisser
maltraiter sans broncher par les grands de l'école.
Pauvres Doinel ! S'ils savaient qu'ils partagent un rêve
secret... En feuilletant un magazine, chacun d'entre eux
est tombé en arrêt devant la même photo. Celle d'une
yourte mongole plantée dans une clairière bretonne.